Le vrai du faux. Non, les lanceurs de balle de défense (LBD) ne sont pas utilisés qu'en France
Victor Matet s'intéresse ce matin à l'utilisation des lanceurs de balles de défense (LBD) par les forces de l'ordre. Au cœur de la polémique depuis le début des manifestations des "gilets jaunes", ces armes ne sont-elles utilisées que dans notre pays ?
Mardi 19 mars, sur France 2, la députée de La France insoumise Clémentine Autain affirmait : "Vous savez qu'en France, on a un dispositif qui est l'un des plus sécuritaires de toute l'Europe. Ailleurs, dans les autres pays, on n'utilise pas des balles LBD, on n'utilise pas ces fameuses grenades qui sont des grenades dangereuses".
Les LBD sont utilisés en Grèce ou encore en Pologne
Les lanceurs de balle de défense ne sont-ils utilisés qu'en France, comme le dit Clémentine Autain ? Et bien non, même si la France fait partie des rares pays européens qui les utilisent sans réserves dans le cadre d'opérations de maintien de l'ordre, avec la Pologne ou encore la Grèce.
En Allemagne, seuls deux Länder, deux régions administratives sur 16, en font usage, dont une seule pour le maintien de l'ordre. En Espagne, toutes les régions l'utilisent, sauf la Catalogne. Avec une spécificité : les policiers n'y ont pas droit. Les lanceurs de balle de défense en Espagne sont en effet réservés à la gendarmerie.
À noter que l'Irlande, les pays scandinaves, les Pays-Bas ou encore l'Autriche n'utilisent jamais ces LBD. D'autres pays, comme le Royaume-Uni, peuvent être amenés à les utiliser mais pas dans le cadre de manifestations. Uniquement par exemple pour interpeller un individu dangereux ou armé.
Les grenades Gli-F4, une exception française
Quant aux grenades utilisées récemment lors des manifestations des "gilets jaunes", Clémentine Autain a raison. La France est bien le seul pays européen à utiliser ces grenades Gli-F4. C'est même écrit noir sur blanc dans un rapport commun de la police et de la gendarmerie en 2014.
La Gli-F4 (Gli pour grenade lacrymogène instantanée) est un nom trompeur puisque ce n'est pas tant le gaz lacrymogène qui la caractérise mais la charge explosive qu'elle contient. Et qui est à l'origine des nombreuses mutilations constatées depuis le début du mouvement des "gilets jaunes" : des mains, des jambes arrachées... Ce qui pousse des associations, des collectifs, des élus à demander leur interdiction.
La Gli-F4 va d'ailleurs disparaître. L'annonce de leur remplacement progressif a été faite par le ministère de l'Intérieur en juin dernier, cinq mois avant le début des manifestations des "gilets jaunes". Mais alors pourquoi sont-elles toujours utilisées ? Tout simplement parce qu'il en reste encore un stock, plusieurs milliers selon certaines sources.
Le ministère ne va plus en commander mais continue de les utiliser jusqu'à la dernière. De nouvelles grenades, les GM2L, présentées comme moins dangereuses, les remplacent peu à peu.
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