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Le vrai du faux. Les femmes vont-elles partir à la retraite avant les hommes si la réforme est adoptée ?

La Première ministre Elisabeth Borne assure que, si elle est adoptée, la réforme des retraites permettra aux femmes de s'arrêter de travailler plus tôt que les hommes.

Article rédigé par franceinfo - Armêl Balogog
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Elisabeth Borne le 2 février 2023. (FRANCE 2)

Les conséquences de la réforme des retraites sur les femmes sont très critiquées, depuis la parution de l'étude d'impact du gouvernement. Mais, depuis quelques jours, l'exécutif affirme que, si cette réforme est adoptée, elle permettra aux femmes de partir à la retraite avant les hommes. Après Gabriel Attal, ministre délégué aux Comptes publics, après Olivier Dussopt, ministre du Travail, la Première ministre Elisabeth Borne a repris cet argument jeudi 2 février sur France 2 : "Par le passé, les femmes partaient à la retraite plus tard que les hommes. Aujourd'hui, elles partent à peu près au même âge que les hommes. Demain, après la réforme, elles partiront plus tôt que les hommes."

Les femmes partent à la retraite historiquement après les hommes

Les deux premières déclarations de la Première ministre sont vraies. Selon le dernier rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR) en septembre 2022, les femmes nées dans les années 1930 sont parties à la retraite en moyenne un an et demi après les hommes. L'écart a commencé à se réduire à partir de la génération née en 1942. C'est aussi vrai qu'à présent, cet écart se compte en seulement quelques mois. Selon la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav), en 2021, les femmes sont parties à la retraite à 63,2 ans, les hommes, un peu avant, à 62,7.

La tendance est déjà en train de s'inverser

A partir de là, les propos d'Elisabeth Borne, sans être faux, deviennent un peu trompeurs. Certes, comme elle le dit, les femmes partiront à la retraite avant les hommes, après la réforme, à 64,7 ans en moyenne pour elles, 65 ans pour eux, selon l'étude d'impact du gouvernement.

Sauf que, ce que ne dit pas la Première ministre, c'est que ce ne sera pas grâce à sa réforme. En fait, les âges moyens de départ à la retraite des hommes et des femmes sont déjà en train de s'inverser. Le processus est lancé, que la réforme soit adoptée ou non. Preuve en est ce rapport du COR qui date de 2019 et qui prévoyait déjà que "pour les générations nées à partir de la fin des années 1970, les femmes partiraient à la retraite en moyenne un peu avant les hommes, de l’ordre de un à deux mois". Le chiffre montra à trois mois, pour les femmes nées après 1990. Cela s'explique notamment par la hausse du taux d'activité des femmes, au fil des générations.

L'étude d'impact du gouvernement ne dit d'ailleurs pas le contraire puisqu'elle prévoit que, en l'absence de réforme, les femmes partiront en moyenne à la retraite à 63,8 ans contre 64,4 pour les hommes, soit un peu avant eux. Notons que cette inversion des tendances est une première historique, mais que ces prévisions ne prennent pas en compte les départs anticipés à la retraite grâce au dispositif pour les carrières longues qui concernent principalement les hommes, selon la Cnav.

> > Réforme des retraites : les femmes sont-elles les grandes perdantes du projet du gouvernement ?

La réforme demande quand même plus "d'efforts" aux femmes qu'aux hommes

Le départ à la retraite des femmes avant celui des hommes est en fait le nouvel élément de langage utilisé par le gouvernement pour éteindre l'incendie, alors que le ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester, a lui-même allumé la mèche, lundi 23 janvier, en reconnaissant sur Public Sénat que les femmes étaient "un peu pénalisées par le report de l'âge légal" de départ à la retraite à 64 ans.

Néanmoins, l'un n'empêche pas l'autre. Même si les femmes partent plus tôt que les hommes à la retraite en moyenne, ça n'enlève rien au fait que la réforme demande un plus gros effort aux femmes. Elle rallonge davantage leur durée de cotisation que celle des hommes. L'étude d'impact du gouvernement prévoit que, si la réforme est adoptée, une femme née en 1972 devra travailler neuf mois de plus en moyenne, contre cinq mois pour un homme. Une autre, née en 1980, devra travailler huit mois de plus en moyenne, contre quatre mois de plus pour un homme.

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