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Le taux de chômage des 60-64 ans est-il moins élevé que dans la population générale, comme le dit Olivier Véran ?

D'après le porte-parole du gouvernement, ce faible taux de chômage montre que l'employabilité des 60-64 ans est élevée.

Article rédigé par franceinfo - Mathilde Bouquerel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran lors d'une conférence de presse à Paris le 11 janvier 2023 (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

La question du maintien dans l'emploi des seniors devient particulièrement sensible alors que le projet de réforme des retraites prévoit un report de l'âge légal à 64 ans. Pourtant, le porte-parole du gouvernement est plutôt optimiste sur le sujet. Olivier Véran affirmait sur franceinfo mardi 10 janvier que "le taux de chômage des 60-64 ans dans notre pays est plus bas que le taux moyen de chômage." Et il ajoute : "Cela veut dire que quand vous avez conservé votre emploi après 50 ans, le taux d'employabilité et de maintien dans l'entreprise est assez élevé."

Cette statistique est juste, mais elle manque de contexte. Selon les derniers chiffres de l'Insee, en décembre 2021, le taux de chômage des 60-64 ans était de 6,9%. À la même période, le taux de chômage moyen en France était effectivement plus élevé : 7,9%. Sauf qu'Olivier Véran ne dit pas tout : il omet de préciser que le taux d'emploi de cette même catégorie d'âge, 60-64 ans, est lui aussi est plus faible que la moyenne. Selon un rapport de la Dares, la direction des statistiques du ministère du Travail, publié en avril dernier, seulement 35% exercent un emploi. C'est presque deux fois moins que le reste de la population, 68% pour la même période. Sans compter que le taux d'emploi chute drastiquement après 60 ans, puisque 75% des 55-59 ans travaillent encore.

Une grande partie de 60-64 ans "inactifs"

Il y a donc une grande partie des 60-64 ans qui ne travaillent pas, mais ne sont pas non plus au chômage. En réalité, ils sont ce qu'on appelle "inactifs" au sens du BIT (Bureau Internationale du Travail). Ce sont par exemple des personnes en invalidité, qui ne peuvent plus travailler pour raisons de santé. Il peut aussi s'agir de personnes qui ne cherchent plus de travail, souvent des chômeurs de très longue durée, bénéficiaires du RSA ou pris en charge par leur conjoint ou leur famille. Enfin, certains sont déjà à la retraite. Autant de personnes qui n'entrent pas dans le calcul du taux de chômage cité par Olivier Véran.

Selon la directrice du Centre d'études de l'emploi et du travail du CNAM, ce n'est donc pas un bon critère pour évaluer la capacité des seniors à continuer à travailler. Il faut plutôt regarder la probabilité de retour à l'emploi. Un retour difficile pour les plus de 55 ans puisque selon une étude Apec/Pôle emploi, ils restent en moyenne un peu plus de deux ans au chômage, contre moins d'un an pour le reste de la population.

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