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Le vrai du faux. "Le nombre de policiers blessés a augmenté de 14% l'an dernier" ?

En voulant dénoncer un manque grandissant du respect de l'autorité, le député Les Républicains Eric Ciotti s'emmêle dans les chiffres du nombre policiers blessés l'an dernier. Par contre, il dit plutôt vrai sur les gendarmes blessés.

Article rédigé par franceinfo, Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Eric Ciotti affirme que le nombre de policiers blessés a bondi de 14% l'an dernier (MAXPPP)

Voilà donc ce qu'affirme Eric Ciotti lors de son passage sur RFI lundi 24 octobre : 

"On a eu l'année dernière une augmentation de 14% des policiers blessés en mission en service. Il n'y a jamais eu autant de gendarmes blessés."

Hausse de 14% du nombre de policiers blessés l'an dernier ?

Faux. Il y a eu un peu moins de policiers blessés l'an dernier en France, d'après les chiffres officiels de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales : 12388 fonctionnaires blessés en 2015 contre 12450 en 2014, soit une très légère baisse de 0,5%.

Mais d'où viennent les 14% d'augmentation avancés par Eric Ciotti ?

Le nombre de policiers blessés est donc en très légère baisse depuis 2012... mais la tendance pourrait bien s'inverser en 2016. Sur les six premiers mois de l'année, la Direction générale de la police a compté 6753 agents blessés (3267 en mission et 3486 en service).

Si l'année se termine comme elle a commencé, dans un contexte particulier en raison notamment du mouvement contre la loi Travail, il y aura bien une nette augmentation du nombre de policiers blessés en mission et en service. 

Eric Ciotti semble d'ailleurs extrapoler les chiffres de ce début d'année pour établir son chiffre de 14%, comme l'a également fait un article du Figaro. On parvient effectivement a ce taux d'évolution en comparant le nombre moyen de blessés mensuels de policiers en mission depuis le début de l'année (544 par mois) au chiffre mensuel sur l'ensemble de l'année 2015 (478 par mois).

Sauf que ce calcul ne tient pas puisqu'il compare une période de six mois à une année entière. Il est donc encore trop tôt pour affirmer que 2016 est marquée par une forte hausse de policiers blessés sur le terrain.

"Blessés en mission" et "blessés en service", quelle différence ?

Dans sa déclaration Eric Ciotti évoque des policiers blessés "en mission en service". Ce sont pourtant deux choses bien distinctes dans les statistiques de la Direction générale de la police.

Les fonctionnaires blessés en service engloble notamment les blessures lors d'entraînements ou lors des trajets entre le domicile et le travail. Ces blessures en service représentaient l'an dernier plus de la moitié des 12388 policiers blessés. 

Les policiers blessés en mission le sont lors d'opérations, d'interventions sur le terrain. Ce sont elles qui comptent lorsque l'on veut évoquer la dangerosité du métier.

Jamais autant de blessés chez les gendarmes ?

Plutôt vrai. Si l'on remonte sur les dix dernières années, 2015 a effectivement été marquée par un nombre de record de gendarmes blessés lors d'agressions physiques, selon les chiffres de la Direction générale de la gendarmerie.

Dans les deux tiers des cas, ces agressions ont lieu lors d'intervention pour faire cesser des troubles à l'ordre public (ivresse, démence, différents familiaux ou de voisinage, forcenés). Viennent ensuite les contrôles de police de la route qui tournent mal ou encore lors de gardes à vue.

Précision : les chiffres du nombre de blessés chez les policiers et chez les gendarmes ne sont pas cumulables car les deux entités n'ont pas les mêmes méthodes de calcul.

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