Le vrai du faux. L'immigration tire-t-elle les salaires vers le bas, comme l'affirme Jordan Bardella ?

Selon Jordan Bardella, le président du Rassemblement national, l'immigration fait baisser les salaires. C'est ce qu'il a affirmé sur LCI pour s'opposer à la proposition du gouvernement de régulariser les étrangers qui travaillent dans des secteurs en tension : "L'immigration est aujourd'hui utilisée par les grands groupes pour peser à la baisse sur les salaires. Et en réalité, quand vous aurez régularisé un travailleur clandestin, les grands patrons prendront d'autres clandestins parce que cette chaîne de faire peser à la baisse sur les salaires est sans fin."

Les études estiment que l'impact est faible 

Alors, l'immigration tire-t-elle vraiment les salaires vers le bas, comme le dit Jordan Bardella ? Pas vraiment. En réalité, la plupart des études estiment que l'immigration a globalement peu d'impact sur les salaires. Cependant, il y a un bémol parce que les mêmes études ajoutent qu'il est difficile de mesurer précisément les conséquences de l'immigration sur les revenus. Pour y arriver, des chercheurs ont pris des exemples très concrets comme par exemple l'arrivée en 1980 de plus de 100 000 exilés cubains à Miami aux Etats-Unis ou alors le rapatriement d’environ 900 000 Français d’Algérie après 1962. Bilan : dans les deux cas, ces deux vagues d'immigrations n'ont pratiquement pas eu d’effets sur le salaire moyen. 

Des études plus récentes ont été menées ces dernières années en France, au Royaume-Uni ou encore en Suisse avec les travailleurs transfrontaliers et elles confirment cette tendance. L'étude française, menée par le centre d'expertise sur l'économie mondiale, rattaché à Matignon, dit même que les travailleurs immigrés en France, ces dernières années, sont majoritairement des travailleurs qualifiés et que leur embauche n'a que très peu d'effet, à peine de l'ordre d'1%, sur les bas salaires. 

Un effet sur les salaires en Turquie

Il y a quand même au moins un contre-exemple dans le monde. Il remonte à 2012 en Turquie, où les salaires ont bien baissé, avec l'arrivée importante de millions de migrants syriens qui fuyaient la guerre. S'il y a bien eu un effet réel sur l'emploi, indique une note du Trésor, c'est parce que l'afflux, selon les chercheurs, a été massif, soudain et imprévu. À l'inverse, lorsque le flux d'immigration reste stable et anticipé, il n'y a pas, disent-ils, d'effet sur le salaire moyen.