Le vrai du faux. Existe-t-il vraiment des "commissariats chinois secrets" en France, comme l'affirme Raphaël Glucksmann ?
L'eurodéputé Place Publique dénonce une "ingérence chinoise" en France et affirme qu'"il y a des commissariats chinois secrets dans notre capitale". Des faits établis par une enquête d'une ONG.
L'eurodéputé Place Publique Raphaël Glucksmanna dénoncé vendredi 7 avril sur France Inter une "ingérence chinoise" en France. "Il y a des commissariats chinois secrets dans notre capitale, vous vous rendez compte comment ils s'essuient les pieds sur notre souveraineté ?", a-t-il dénoncé.
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Il ne s'agit pas de commissariats avec des cellules, des prisonniers menottés et des policiers en uniforme, mais il y a bien des postes en lien avec les autorités en Chine, d'après le rapport publié par l'ONG de défense des droits de l'Homme, Safeguard Defenders en 2022.
Il y en a une centaine dans le monde, dont quatre en France, à Paris ou près de Paris. Ce réseau sert de relais à quatre juridictions locales chinoises (Nantong, Whenzhou, Qingtian et Fuzhou). Pour faire son rapport, l'ONG s'est appuyée sur des documents publics et des déclarations d'officiels dans les médias d'Etat notamment. Des officiels chinois qui assument l'existence de ces bureaux de police.
Ils ont officiellement une fonction d'assistance aux Chinois à l'étranger
Officiellement, d'après la Chine, ces bureaux servent à porter assistance aux Chinois à l'étranger, par exemple pour obtenir un certificat de naissance. Un peu comme des consulats, sauf qu'en l'occurrence en France, ils n'ont pas pignon sur rue et ne sont pas déclarés.
Autre problème : d'après l'ONG, cela va souvent plus loin. Ce réseau de postes de police sert aussi à poursuivre des personnes qui ont fui la Chine. Ce système court-circuite donc les procédures d'extraditions réglementaires qui existent entre la France et la Chine. Concrètement, les agents sur place doivent persuader leur cible de rentrer en Chine, par du harcèlement ou des menaces de représailles contre leurs familles. En France, c'est la fonction d'au moins un des quatre bureaux implantés. Parmi les cibles, il y a des personnes qui sont soupçonnées de délits ou de crimes, mais aussi des réfugiés politiques qui ont fui la Chine à cause de persécutions ethniques et religieuses.
En décembre le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a répondu sur ce sujet au Sénat. Il a affirmé que les renseignements intérieurs menaient des vérifications, mais sans en dire plus. D'autres pays concernés ont réagi : les Pays-Bas et le Canada ont déjà ouvert des enquêtes ces derniers mois.
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