Le vrai du faux. "Emmanuel Macron va vers une privatisation d'Orly et de Roissy"
Le vice-président du Front national, Florian Philippot, affirme que le président de la République va vers une privatisation d'Aéroports de Paris. Présenter cette hypothèse comme une certitude est plutôt faux.
Evoquant des questions de souveraineté nationale, le vice-président du Front national évoque le cas d'Aéroports de Paris (ADP), dont l'Etat détient 50,6% du capital : "Vous savez, quand M. Macron, et on va combattre ces lois, va aller vers la privatisation d'Orly et de Roissy etc... "
C'est plutôt faux.
Cette privatisation éventuelle est loin d'être une certitude. En fait, le vice-président du Front national évoque ici une hypothèse jugée crédible par les spécialistes du secteur aéronautique, notamment dans la presse.
Il est vrai qu'Emmanuel Macron y pensait lorsqu'il était ministre de l'Economie. Il aurait bien voulu lancer la privatisation des aéroports parisiens entre 2013 et 2015 dans la loi dite Macron. Manuel Valls, alors Premier ministre, aurait refusé. Emmanuel macron avait tout de même réussi privatiser les aéroports de Toulouse racheté par un consortium chinois en 2015, puis Nice et Lyon privatisés en 2016 au bénéfice de l'Italien Atlantia et du Français Vinci.
Mais maintenant ?
Il n'en a pas formellement reparlé, ni dans sa campagne, ni depuis qu'il est élu. Mais le candidat Macron s'est engagé à créer un fonds d'investissement de 10 milliards d'euros pour les technologies d'avenir, abondé par des cessions de participations d'Etat. L'Etat qui, par ailleurs, cherche près de huit milliards d'euros.
Face à cette situation, ADP apparaît comme une pépite : sa valorisation boursière a été multipliée par trois depuis son introduction et le président de la République n'a sans doute pas manqué un rapport de la Cour des comptes, en janvier, qui affirmait que l'Etat n'avait pas besoin de conserver la majorité au capital de l'entreprise pour préserver son influence. L'entourage d'Emmanuel Macron ne lui dira sans doute pas le contraire : Alexis Kohler, son ex-directeur de cabinet à Bercy et actuel secrétaire général de l'Elysée est un spécialiste des dossiers industriels qui connaît bien ADP, puisqu'il a siégé à son conseil de 2010 à 2012.
La privatisation risque de s'avérer compliquée
Une privatisation apparaît donc tentante, mais elle risque toutefois de s'avérer compliquée. ADP est une entreprise fortement syndiquée et ces syndicats sont hostiles à une privatisation, d'où un risque de blocage. L'actuel PDG, Augustin de Romanet, sans se prononcer sur le fond de la question, a d'ailleurs voulu les rassurer en affirmant qu'il lui "semblait important que l'Etat conserve une part dans le capital d'un groupe qui comprend, avec l'aéroport Charles-De-Gaulle, la première frontière du pays, pour des raisons de sûreté et de sécurité nationale". Par ailleurs, l'opération risque de léser certains actionnaires actuels, d'où un risque de devoir en passer par des compensations financières importantes.
En résumé
Florian Philippot ne peut pas affirmer avec certitude qu'Emmanuel Macron "va vers la privatisation d'Orly et de Roissy". C'est une hypothèse, certes crédible, mais qui n'a pas été confirmée.
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