Le vrai du faux. Coupe du monde 2022 : Human Rights Watch et Amnesty International ont-elles vraiment reconnu "d'énormes progrès" sur les droits humains au Qatar ?
Selon Hassan Al Thawadi, le secrétaire général du Comité d'organisation de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar, plusieurs ONG reconnaissent elles-mêmes que le respect des droits humains s'est beaucoup amélioré au Qatar depuis l'attribution de la Coupe du monde. "Depuis 13 ans, avec le Comité d'organisation dont je suis le responsable, nous avons fait d’énormes progrès, affirme Hassan Al Thawadi. Et ce n'est pas moi qui le dit, c’est Amnesty International et Human Rights Watch. Leurs derniers rapports disent tous que nous adoptons les bons standards."
Cette affirmation est fausse. Depuis 2009, comme les deux ONG l'ont confirmé à franceinfo, ni Amnesty International, ni Human Rights Watch n'ont constaté de nette amélioration sur cette question au Qatar. En fait, trois points posent particulièrement problème selon elles : les droits des travailleurs immigrés, la liberté d'expression, et les droits des femmes et des personnes LGBT.
La situation des travailleurs immigrés
Les deux ONG n'ont d'abord pas constaté de progrès concernant les droits des travailleurs immigrés, venus du Népal, du Bangladesh ou des Philippines, qui ont notamment construit les stades de la Coupe du monde. Ils sont notamment victimes d'abus dans le versement des salaires, comme le Human Rights Watch dénonçait dans un rapport de 2020 : retard de plusieurs mois, retenues arbitraires voire pas de versement du tout.
Dans un second rapport sorti en août dernier, l'ONG note bien que le Qatar a pris plusieurs mesures pour améliorer leur situation, notamment, le "système de protection des salaires" ("Wage Protection System") lancé en 2015. Mais Human Rights Watch constate que ces initiatives ont été lancées trop tard, touchent trop peu de travailleurs et sont mal appliquées sur le terrain. Elle les juge donc "très insuffisantes".
Des atteintes aux droits des femmes et des personnes LGBT+
Mais les ONG pointent aussi le manque de liberté d'expression au Qatar. Dans un communiqué publié mercredi dernier, Amnesty International dénonce des "arrestations arbitraires" et des procès injustes contre les personnes qui critiquent le gouvernement qatarien. L'ONG évoque notamment le cas d'un travailleur kenyan détenu à l'isolement pendant un mois pour avoir dénoncé le sort des travailleurs immigrés sur son blog.
Enfin, les ONG s'alarme des atteintes aux droits des femmes et des personnes LGBT+. Dans le même document, Amnesty International dénonce le système de "tutelle masculine". Pour se marier, obtenir une contraception ou aller étudier à l'étranger par exemple, les Qatariennes doivent obtenir l'accord d'un membre masculin de leur famille : père, frère, mari. Amnesty rappelle par ailleurs que les relations homosexuelles sont punies par l'article 296 du Code pénal qatarien. Un couple de même sexe risque jusqu'à 7 ans de prison.
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