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Le vrai du fake. Le Taj Mahal sort des guides touristiques, les riches s'en vont à cause de l'ISF

Vrai ou fake ? Marie Colmant et Antoine Krempf passent au crible deux infos repérées sur le web et les réseaux sociaux.

Article rédigé par franceinfo, Antoine Krempf - Marie Colmant
Radio France
Publié
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Le Taj Mahal, en Inde (à gauche), le ministère des Finances à Paris (à droite). (MAXPPP)

Le vrai. Le Taj Mahal ne figure plus  dans les guides touristiques indiens

C’est l’une des sept merveilles du monde, classée par l’Unesco au patrimoine de l’humanité. Et pourtant, le Taj Mahal ne figure plus cette année dans les guides touristiques indiens. C’est une décision de la ministre du Tourisme de l’Uttar Pradesh et de la ville d’Agra où se trouve le Taj Mahal. Le nouveau guide de tourisme, qui vient d’être édité, mentionne de nombreux sites hindous, mais curieusement pas le Taj Mahal, ce monument qui paraît indissociable de l’Inde. En effet, justement, pour la ministre du Tourisme, le Taj Mahal ne reflète pas la culture indienne.

Le nombre de visiteurs serait en baisse. Plus étonnant encore, elle avance un nombre de visiteurs en baisse au Taj Mahal. Ce qui pourra étonner le visiteur de passage, lequel aura pu constater que les visiteurs y affluaient encore il y a peu par milliers. La vraie raison de cet incroyable zapping est à chercher ailleurs : dans la nature de ce monument qui, rappelons-le est un mausolée construit au XVIIe siècle par un empereur pour la femme de sa vie. Le vrai problème que pose le Taj Mahal à l’Inde d’aujourd’hui, qui a porté au pouvoir un parti politique hindou extrémiste, c’est que ledit monument a été construit par un empereur musulman. Un de ces Moghols, venus de Perse et d’Afghanistan qui envahirent le nord de l’Inde au XVIe siècle.

Les Moghols accusé d'avoir commis un holocauste. S’ils furent un temps considérés comme les premiers bâtisseurs de l’Inde, ils sont aujourd’hui accusés par l’extrême droite hindouiste d’avoir commis un holocauste sur les populations locales. Aussi, toutes les rues qui portaient l’un de leurs noms portent aujourd’hui un nom hindou. Plus fou encore, les manuels scolaires d’histoire de cette année ont littéralement gommé tout le passé moghol de leur pays. À Agra, la ville du Taj Mahal, la nouvelle a été accueillie avec consternation. "C’est le tourisme qui fait vivre la ville : il y a plus de  400 000 personnes qui travaillent de près ou de loin pour ce monument qui génère 20% du budget de l’Etat de l’Uttar Pradesh", déclarait un homme d’affaires. Un député de l’opposition confiait, lui, que "faire l’impasse sur le Taj Mahal quand on parle de l’Inde, c’est soit une plaisanterie, soit une tragédie. Je penche pour la deuxième option." Il y a, de fait, quelques raisons de s’inquiéter car, dans la foulée de cette décision, la dotation prévue pour la restauration du Taj Mahal, a été supprimée, elle aussi.

Le fake. L'ISF fait fuir les fortunes

Premier ministre vs secrétaire général de la CGT. Lundi 9 octobre matin, le Premier ministre, Edouard Philippe, était sur Europe 1, tandis que Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT était sur franceinfo. "On supprime l'ISF parce que nous avons constaté que les quinze dernières années, l'ISF réduisait la matière taxable en France, affirme le premier. Parce que ceux qui partent, partent de façon continue depuis quinze ans. Donc moi ce que je souhaiterais c'est que les plus riches cessent de partir." "Quand on dit que depuis 20 ans que l'ISF a fait fuir des fortunes, vous trouvez que c'est faux ? C'est faux, c'est faux, c'est faux.", rétorque le second. D'un côté, un Premier ministre affirme donc que les plus riches partent de façon continue à cause de l'ISF. De l'autre, le secrétaire général de la CGT qui affirme que c'est faux.  

En 2002, 206 redevables de l'ISF avec un patrimoine net de plus d'un 1 300 000 euros sont partis s’installer à l'étranger. Dix ans plus tard, en 2012, dernière année disponible, on en comptait 587, selon les chiffres de la direction générale des Finances publiques. Dans le détail, c'est surtout entre 2002 et 2006 que la hausse a été la plus nette. Depuis, les chiffres sont assez stable d'une année sur l'autre : entre 500 et 600 contribuables concernés.

Il faut relativiser ces chiffres. Si nous nous arrêtons à ces chiffres, Edouard Philippe a plutôt raison : le nombre de  départs chez les assujettis à l'ISF a plus que doublé en l'espace de dix ans. Pour autant, il s’agit de relativiser ces chiffres. D’abord parce qu’il existe des retours chez les redevables de l'ISF : environ une centaine rentrent chaque année en France. Ensuite parce qu’on compte environ 330 000 assujettis à l’impôt sur la fortune : cinq à six mille départ sur 300 000 (soit moins d’un pourcent) ne pèsent pas vraiment sur le total. De ce point de vue-là, Philippe Martinez n'a pas tort lorsqu'il sous-entend que c'est marginal.

Que représente le manque à gagner ? Voilà pour les effectifs. Quid du manque à gagner lié à ces départs ? Les 587 foyers fiscaux partis ont 2012 ont payé, cette année-là, 39 millions d'euros d'ISF. Par ailleurs, une bonne partie d'entre-eux étaient aussi imposables sur le revenu, pour un total de 446 millions d’euros. Certains avanceront à ce stade qu’il s’agit d’une somme considérable. Prudence, cependant : certains exilés, et on ne peut savoir combien, continuent à devoir l'ISF. Idem pour l'impôt sur le revenu. Bref, impossible de connaître précisément le manque à gagner des exilés de l'ISF...

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