"Le gouvernement est responsable de la chute de natalité" ?
Les chiffres publiés sur le site internet de l'Insee le montrent très clairement, il y a bien une baisse du nombre de naissances en France sur les premiers mois de l'année 2015: 16.000 naissances de moins par rapport à la même période l'an dernier.
Sauf que...
D'abord, ce n'est pas la première fois depuis "un quart de siècle" que le nombre de naissance est en baisse. Cette situation arrive très régulièrement en France. C'était notamment le cas l'an dernier avec 500 naissances de moins.
Ceci dit, le niveau des naissances est effectivement faible. Mais, là non plus, ce n'est pas la peine de remonter à 25 ans. 2015 est dans les mêmes eaux que les années 90 et jusqu'en 2004.
{% embed infogram nombre_de_naissance_en_france" style="color:#989898;text-decoration:none;"> nombre de naissance en France
Create your own infographics %}
Par ailleurs, l'Insee le dit très clairement. Les chiffres des neufs premiers de l'année sont encore provisoires. Il faut donc être prudent. D'autant qu'après juillet, le mois d'octobre est celui qui compte le plus de naissances dans l'année. Un redressement de fin d'année est donc toujours possible...
La faute de l'actuel gouvernement ?
Pour expliquer le faible niveau de naissance en France sur les neuf premiers de l'année, Eric Ciotti explique que "la famille est devenue une cible pour ce gouvernement". Dans la ligne de mire : la modulation des allocations familiales en fonction des revenus, appliquée depuis le mois de juillet dernier.
Sauf que la responsabilité du gouvernement est loin d'être prouvée si l'on en croit les nombreux travaux des démographes sur le lien éventuel entre natalité et décisions politiques sur les aides aux parents.
Notamment parce que les effets de ces décisions "sont tout d'abord très lents à se diffuser (5 à 10 ans)", expliquait l'économiste Camille Landais dans une étude sur le quotient familial en 2003. Si le faible niveau des naissances en 2015 s'expliquait par une politique gouvernementale, la responsabilité serait donc à chercher du côté de l'ancienne majorité...
Très faible impact sur les naissances
Mais surtout, la variation des aides parentales n'ont qu'un effet très limité sur le nombre d'enfants. "Nous constatons qu’une hausse de 1 % de l’incitation relative en faveur des foyers de trois enfants produit une hausse relative de leur proportion de moins de 0,05 %" note par exemple Camille Landais après avoir étudié l'impact de la demi-part supplémentaire pour le troisième enfant mise en place en 1981.
"Les aides financières ont un effet mais il s'agit d'un effet sur le calendrier des naissances" , note l'économiste Olivier Thévenon. "Les ménages auront tendance à anticiper l'arrivée d'enfant s'il y a une aide. Mais cela n'influence pas le nombre d'enfants qu'ils auront in fine ", ajoute l'économiste à l'Ined et co-auteur d'une étude sur la question en 2010.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.