Laurent Fabius dit-il vrai sur les "dangers" d'une Grande-Bretagne en dehors de l'UE ?
Vrai.
Et d'abord parce que ce référendum "d'autodétermination" sur la question européenne passe par la case
renégociation des traités européens. Cette première étape promet à David
Cameron quelques combats à fleuret moucheté avec ses homologues européens. Certains, dont la France, rejettent l'idée d'une "Europe à la carte". Et cela rendra "les relations entre la Grande-Bretagne et ses partenaires européens très complexes et difficiles pour les cinq années à venir", prévient la journaliste Sophie Pedder, correspondante à Paris de The Economist.
Que cherche David Cameron dans
cette "Europe à la carte" ? Il
veut garder les bons côtés de l'Union, l'accès au marché unique, mais sans en
payer le prix. Il y a "d'abord les questions de budget, il souhaite payer moins", explique Sophie Pedder. Mais il veut aussi "moins de régulation sur les banques, sur le marché du travail et dans les domaines judiciaire et social" car "la Grande-Bretagne vit souvent l'Europe comme une contrainte et pas comme un projet bénéfique", poursuit la journaliste, spécialiste des questions économiques.
Coup de poker risqué
Sauf qu'à vouloir le beurre et l'argent du beurre, David Cameron prend le risque d'amener
les Britanniques à tout perdre. Et par ricochet, l'Union européenne en sortirait,
elle aussi, affaiblie. "L'Europe obtient des résultats dans les négociations avec ses partenaires commerciaux extérieurs parce qu'elle pèse 500 millions d'habitants", explique Jean-Luc Sauron,
professeur à Paris-Dauphine. "La France toute seule ou la Grande-Bretagne toute seule n'aurait pas le même rapport de force avec l'extérieur, et pas les mêmes résultats", poursuit-il. Et de juger le coup de poker de David Cameron "totalement contre-productif et même suicidaire."
La Grande-Bretagne écoule
aujourd'hui 40 % de sa production en Europe. Elle ne peut pas se payer le
luxe de sortir du marché unique. Et encore moins d'y rester sans peser sur les
règles, les normes qui, de fait, continueraient de s'imposer à ses entreprises,
ses produits, ses services et ses travailleurs.
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