François Hollande dit-il vrai sur les réfugiés ?
Le chiffre de 350.000 personnes avancé par François Hollande a été annoncé le mois dernier par l'Organisation internationale pour les migrations, une agence intergouvernementale sur les migrations qui se base sur les données des Etats et les observations de ses correspondants dans les pays concernés. Au 3 septembre dernier, l'OIM comptabilisait précisément 364.183 arrivées par la Méditerrannée et 2.701 victimes lors des traversées.
Plutôt vrai
Si le nombre de demandeurs d'asile s'élève effectivement à 60.000 cette année, le nombre serait stable sur les trois dernières années. L'an dernier, d'après les chiffres du ministère de l'Intérieur, 59.000 personnes ont, par exemple, fait une première demande d'asile en France.
Mais sur une période un peu plus longue, on remarque malgré tout "une forte croissance de la demande d’asile depuis 2007(qui) a fragilisée le dispositif développé pour permettre la mise en oeuvre du droit d’asile ", comme le note la place Beauvau dans son dossier de presse vantant les mérites de la réforme du droit d'asile.
{% embed infogram demandes_dasile-9" style="color:#acacac;text-decoration:none;"> demandes d'asile | Create infographics %}
Troisième et dernière phrase repérée dans la conférence de presse de François Hollande. Le président de la République critique l'attitude de certains pays de l'Est à l'égard de la vague actuelle de réfugiés.
"Qu'est ce que ces pays auraient pensé il y a trente ans si au moment de la chute du mur de Berlin, nous avions dit : 'Non pas tout de suite, pas comme ça, ne venez pas, prenez votre temps, restez là où vous êtes'. Non, nous leur avons dit : 'venez là, vous êtes des Européens."
Faux
Le gouvernement français n'a pas été aussi généreux avec les migrants des pays de l'Est après la chute du mur de Berlin. En 1989, la France compte effectivement un nombre record de 61.000 demandeurs d'asile.
Mais si les candidats européens, notamment Roumains et Polonais, sont de plus en plus nombreux au début des années 90, ils ne représentent qu'une petite part des demandeurs d'asile. "La plupart des demandes émanaient de Turcs (21 %) en 1991. Ils étaient suivis, à quelque distance, des Zaïrois (9 %), Sri Lankais (7 %), Malais (7 %), Roumains (5 %), Chinois (5 %) et Vietnamiens (5 %)", note l'institut Eurostat.
Par ailleurs, les Européens n'obtiennent pas plus facilement l'asile en France que les candidats des autres nationalités sur les deux années qui ont suivi la chute du mur de Berlin.
{% embed infogram les_admis_au_statut_de_refugie_par_nationalite_en_9091" style="color:#acacac;text-decoration:none;"> Les admis au statut de réfugié par nationalité en 90/91 | Create infographics %} Par ailleurs, le nombre de demandeurs d'asile a rapidement chuté de façon au début des années 90 pour retomber à près de 25.000 en 1992. Parallèlement, le nombre de refus d'accès au statut de réfugié a explosé entre 1989 et 1990.
Un durcissement de l'accès au statut de réfugié qui s'accompagne également d'un tour de vis politique. Pour limiter "un accroissement de la pression des flux migratoires" lié à la chute du mur de Berlin, le gouvernement socialiste met en place des mesures très restrictives. Edith Cresson publie notamment une circulaire pour interdire l'accès au marché du travail aux demandeurs d'asile. Par ailleurs, ces derniers sont désormais logés dans des centres d'accueil spécifiques. Enfin, les moyens de l'Ofpra, chargés de statuer sur les demandes, ont été largement renforcés pour réduire le temps de traitement.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.