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François Fillon dit-il vrai sur Hollande et la crise ?

L'ancien Premier ministre affirme sur France Info que François Hollande a fait croire aux Français qu'il n'y avait pas de crise pendant la campagne présidentielle. Vrai ou faux ? Réponse ici.
Article rédigé par franceinfo
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Faux

Dans sa profession de foi, François Hollande parlait de "crise" à plusieurs reprises, de récession, d'explosion du chômage. Et puis, en meeting le candidat Hollande avait averti : "Les problèmes de notre pays ne vont pas disparaître avec le candidat sortant, ce serait trop simple ; ce sera dur après (l'élection, NDLR)".

2e salve de François Fillon

Lors de son interview à France Info, François Fillon délivre aussi un modèle de communication politique : "Il y a 15 jours, on nous a expliqué qu'il y a allait avoir un choc de compétitivité. On s'attendait à des mesures spectaculaires sur la baisse du coût du travail, 15 jours après, c'est plus d'actualité" , déclare François Fillon. 
Dans le flot de l'interview, le "on" suppose Jean-Marc Ayrault ou François Hollande. Or il y a 15 jours (le 4 octobre), le "on", est surtout un article du Monde qui affirme que l'Elysée veut baisser massivement et sur cinq ans les charges patronales. Jean-Marc Ayrault ou François Hollande n'annoncent pas formellement et publiquement un "choc de compétitivité".

C'est en fait un terme très utilisé par le MEDEF et qui va être ensuite repris pendant plusieurs jours par la classe politique et par les commentateurs. Reste que ce que dit François Fillon n'est pas totalement faux puisque que Jean-Marc Ayrault parle aujourd'hui de "trajectoire de compétitivité".

3e salve

Sur le phénomène des patrons "pigeons" et de la taxation des plus values de cessions de valeurs mobilières, François Fillon estime d'abord son taux à 60% : "En fait, c'est pas 60%, plutôt 80%, parce qu'il faut y ajouter tout le reste, c'est-à-dire l'ISF, la CSG, etc..." .

Gabriel Zucman, économiste et spécialiste de fiscalité à l'Ecole d'Economie de Paris décortique et rectifie ce chiffre : "François Fillon part du nouveau taux marginal d'impôt sur le revenu qui va être de 45%. A cela, il ajoute un certain nombre de prélèvements sociaux, la CGS, la CDRS etc.... Au total [...] on arrive au taux maximum théorique de 58,2%. 80% c'est  impossible". Gabriel Zucman ajoute qu'il existe une multitude de niches fiscales qui permettront de ne pas payer 58,2%.

Pour conclure, affirmer une chose fausse, jouer sur les mots, donner des pourcentages à la louche. En moins de 10 minutes hier, François Fillon a livré un bel exemple de communication partisane. Il n'en a bien sur pas le monopole.

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