François Bayrou dit-il vrai sur les prévisions de croissance "mirobolantes" de Hollande et Sarkozy ?
Vrai
Les deux finalistes de l'élection présidentielle se sont bien trompés.
L'an dernier à pareille époque, Nicolas Sarkozy tablait sur 1,75% de croissance pour 2013 et François Hollande sur 1,7%.
Depuis, le candidat socialiste devenu président a révisé à plusieurs reprises ses prévisions. 1,2%, puis 0,8%, et ce mardi François Hollande reconnaissait que les 0,8% ne seraient même pas atteints.
Pour l'année 2012, Nicolas Sarkozy avait connu le même phénomène de "descente d'escalier". Il avait d'abord tablé sur 2,5% de croissance, puis 1,75%, 1%. La croissance a finalement été de ... zéro !
Volontarisme et calcul politique
Pourquoi annoncer des chiffres plus élevés ? La première explication, c'est la méthode Coué, tenter de susciter l'optimisme des agents économiques (ménages et entreprises) et espérer de l'activité en retour.
La deuxième explication est budgétaire. Jean-Michel Boussemart, délégué général de l'institut Coe-Rexecode explique qu'avec "des hypothèses de croissance plus optimistes que raisonnables, les recettes fiscales sont plus abondantes et les dépenses à faire moins importantes, et donc l'équilibrage [...] au niveau budgétaire est moins difficile ou plus aisé" . Cela permet de minimiser l'ampleur des hausses d'impôt à venir dans l'esprit des électeurs.
Prévisionnistes à la peine
Reste que le calcul politique n'explique pas seul les flottements de la prévision économique. Les estimations à deux ans (ou même un an) sont bien délicates car tout bouge en permanence dans une économie mondialisée comme jamais. Le FMI se trompe régulièrement depuis 15 ans pour la croissance française, d'après le Canard Enchaîné.
Un institut comme Coe-Rexecode révise en permanence ses chiffres. Jean-Michel Boussemart reconnaît que son entreprise "revoit toute (ses) prévisions tous les trimestres. Simultanément, entre deux exercices de réactualisation de prévisions, nous suivons au jour le jour tous les paramètres de l'économie mondiale et si d'aventure, on s'écarte de ce qu'on avait imaginé, par exemple pour les prix du pétrole, des produits de base ou les taux de change, on avertit nos entreprises adhérentes d'une inflexion à venir".
Rares bonnes surprises
A l'inverse, lors des 25 dernières années, il est arrivé que la croissance soit au final plus forte que prévue, du temps de Michel Rocard et Lionel Jospin à Matignon. Il n'y a pas eu de forcément de révision en cours d'année, mais au début de l'année suivante, cette croissance "augmentée" a été constatée et des recettes fiscales supplémentaires empochées.
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