Florian Philippot dit-il vrai sur les dévaluations, la croissance et le chômage ?
Vrai sur les dévaluations
Entre 1950 et 1990, le franc a été dévalué de 75% par rapport au mark allemand. Cela s'est fait graduellement au cours des années 50, 60, 70 et 80.
Faux sur la croissance
En moyenne annuelle, la croissance a été entre de 4% entre 1950 et 1990. Il y a eu deux grandes périodes. De 1950 jusqu'au premier choc pétrolier au milieu des années 70 : 5 % de croissance. Du choc pétrolier jusqu'en 1990, la croissance a été de 2,5% en moyenne.
Au-delà des chiffres, il n'y a pas de lien direct et automatique entre les dévaluations que la France pouvait décider pour sa monnaie nationale et une croissance forte comme Florian Philippot tente de le laisser penser.
La croissance en France entre 1950 et 1975 s'explique avant tout par l'entrée dans la société de consommation de masse. Philippe Waechter, directeur de recherche économique chez Natixis Asset Management explique que "la dynamique de croissance sur cette période est plus une dynamique de rattrapage par rapport à la reconstruction, aux transferts de technologies des Etats-Unis qui nous ont tirés vers le haut. C'est cette dynamique-là dans la période d'après guerre et non pas une situation qui aurait été galvanisée ou améliorée fortement par des dévaluations systématiques du franc ".
On peut ajouter que la croissance de l'Allemagne était très forte sur cette période, alors que sa monnaie s'appréciait, contrairement à la France.
Faux sur le chômage
Entre 1950 et 1990, le chômage n'a pas été quasiment inexistant. Si avant la fin des années 70, le taux de chômage est faible, sous a barre des 5%, ensuite il grimpe dans les années 80 pour dépasser les 9% en 1987.
Faux sur le commerce extérieur
Si le commerce extérieur est fortement déficitaire depuis plusieurs années, il l'a déjà été à d'autres époques : dans les années 70 à plusieurs reprises et pendant pratiquement toutes les années 80.
Dans les années 50 et 60, notre commerce extérieur était pratiquement toujours en excédent. Mais il faut se rappeler que l'économie française était à l'époque bien moins ouverte sur l'étranger qu'aujourd'hui. N'oublions aussi pas que le pétrole que nous achetions se payait à un prix dérisoire, ce qui pesait moins lourd dans la balance commerciale.
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