Faut-il six générations pour accéder à la classe moyenne quand on est issu de la classe populaire, comme l'affirme Xavier Bertrand ?
Le président des Hauts-de-France et candidat à la présidentielle estime que la France fait tout juste mieux que la Hongrie en matière de mobilité sociale puisque, selon lui, six générations sont nécessaires pour passer de la classe populaire à la classe moyenne. C'est vrai.
"Aujourd'hui il vous faut six générations pour pouvoir accéder à la classe moyenne quand on est de la catégorie populaire. Il y a un seul pays en Europe qui est derrière nous, c'est la Hongrie", a affirmé le président de la région Hauts-de-France et candidat à la présidentielle Xavier Bertrand, interrogé lundi 4 octobre sur franceinfo. Une étude de l'OCDE confirme cette panne de l'ascenseur social en France, mais aussi dans d'autres pays européens.
180 ans pour passer des plus bas revenus à un revenu moyen
Un rapport de l'OCDE paru en 2018 et intitulé "L'ascenseur social en panne ? Comment promouvoir la mobilité sociale", confirme en effet ce constat. Les auteurs de cette étude ont analysé plusieurs cohortes sur plusieurs années et établi que compte tenu de la persistance des écarts de revenus entre père et fils constatée sur plusieurs décennies, il faudrait six générations, soit 180 ans, pour qu'un enfant français issu d'une famille modeste arrive à se hisser au niveau du revenu moyen.
L'étude dit clairement qu'en France "le statut socio-économique se transmet largement de génération en génération". En clair, les hommes qui ont des faibles revenus avaient très souvent eux-mêmes un père avec de faibles revenus.
L'Allemagne ex-aequo
Xavier Bertrand a également raison d'affirmer que parmi les pays européens, seule la Hongrie fait moins bien que la France en la matière. L'étude de l'OCDE établit effectivement qu'il faut sept générations en Hongrie pour atteindre la classe moyenne. Toutefois, l'Allemagne affiche la même difficulté que la France puisqu'il faut également six générations pour qu'un Allemand passe du bas de l'échelle à un revenu moyen.
Au-delà de ce classement, cette étude fait état d'un problème plus global de mobilité sociale depuis plusieurs années, puisqu'en moyenne dans les pays de l'OCDE il faut cinq générations pour grimper à un revenu moyen quand on vient d'une famille pauvre. Seuls les pays nordiques tirent leur épingle du jeu puisqu'il ne leur faut que deux à trois générations.
Ce rapport avance toutefois des solutions envisageables pour les Etats afin de contrer cette projection pessimiste. Pour la France, il préconise par exemple de soutenir les écoles accueillant des enfants défavorisés, de réduire le chômage de longue durée ou encore de chercher à limiter la concentration géographique de la pauvreté.
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