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Des centres fermés pour djihadistes au Danemark et aux Pays-Bas ?

Pour le député UMP Eric Ciotti, il faudrait mettre en place des "centres fermés de déradicalisation, des centres de rétention pour protéger la société. Ces centres existent déjà au Danemark et aux Pays-Bas". C'est faux.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Eric Ciotti affirme qu'il existe des centres fermés pour les djihadistes aux Pays-Bas et au Danemark © Maxppp)

Eric Ciotti co-préside depuis quelques heures une commission d'enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes partis combattre dans les rangs de Daech en Syrie et en Irak.

A peine les travaux commencés, le député UMP se prononce d'ores et déjà pour la mise en place de "centres fermés pour déradicaliser" ces combattants islamistes de retour en France. D'après lui, ces "centres existent déjà au Danemark et aux Pays-Bas ".

Des centres de rétention au Danemark ?

Ce n'est pas du tout ce qu'a constaté sur place Gaële Joly, envoyée spéciale de France Info il y a quelques semaines. "Quand le jeune djihadiste décide de rentrer à la maison, les services secrets l'interceptent et essaient de voir s'il veut se réinsérer. Et si c'est le cas, il peut retourner tout de suite au lycée et rentrer chez ses parents. Ils bénéifice alors d'un accompagnement par des pyschologues et un mentor lui ait assigné. Bref, pas de centre fermé pour les anciens combattants de Daech ".

A lire aussi ►►► Au Danemark, retour en douceur pour les djihadistes

Et aux Pays-Bas ? 

Le ministère de la Sécurité et de la Justice néerlandais dément également l'existence de centres de rétention fermés pour les djihadistes. Aux Pays-Bas, la prise se chage se fait au niveau local. Ce sont les municipalités qui gèrent l'accueil, l'encadrement voire l'accompagnement des islamistes... mais uniquement si ces derniers sont volontaires. Une méthode contestée par beaucoup d'élus locaux ces dernières semaines.

Un texte de loi est actuellement en discussion au Parlement néerlandais. Il prévoit un certain nombre de mesures pour une prise en charge centralisée des djihadistes de retour. Mais si la question des centres fermés a été évoquée lors des débats parlementaires, le texte prévu pour début 2015 ne prévoit la mise en place d'une système de rétention. 

Et ailleurs dans le monde ? 

Il faut aller au Yémen, en Afghanistan ou encore en Arabie saoudite pour trouver la trace de ce genre de centres fermés. En Arabie saoudite, ils existent depuis 2006. C'est un passage obligé pour les islamistes qui ont purgé une peine de prison dans le pays.

Concrètement, ces centres ne ressemblent pas à des centres de rétention, on y trouve des piscsines et des billards. Les pensionnaires reçoivent leurs familles, des cours de religions ou participent à des ateliers peinture. Ceci dit, d'après les autorités, sur les 3.000 personnes passées dans ces centres, 10% ont replongé dans l'islamisme radical.

A lire aussi ►►►En Arabie saoudite, des centres pour réinsérer les anciens islamistes

Sources

Dutch government strengthens actions to combat jihadism and radicalisation, Coordination nationale du contre-terrorisme néerlandais

Au Danemark, un retour en douceur pour les jeunes djihadistes, reportage de Gaële Joly pour France info

Radicalisation and De-radicalisation in 15 Countries, ICSR 2010

Arabie saoudite : des centres pour réinsérer les anciens islamistes, reportage Clarence Rodriguez pour France Info

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