Crash du vol MH17 : est-ce vrai qu'il n'y a pas eu d'enquête internationale et que la Russie n'était pas impliquée ?
La déclaration a fait réagir aux Pays-Bas, dix ans après le crash du vol MH17 qui a tué 298 personnes le 17 juillet 2014. L'ambassade russe aux Pays-Bas a publié un communiqué (en anglais) mercredi 17 juillet, terminé par ces mots : "Nous déclarons que la Fédération de Russie n'était pas impliquée (…). Toute affirmation disant le contraire est fausse". L'ambassade dit regretter que la "politisation" de l'affaire ait empêché de conduire une enquête internationale véritablement indépendante.
2/3 The high degree of politicization of the MH17 case has not allowed to conduct full, thorough and independent international investigations.
— Russian Embassy in NL🇷🇺🇳🇱 (@rusembassynl) July 17, 2024
Plusieurs observateurs ont dénoncé sur les réseaux sociaux un nouvel exemple de tentative de désinformation russe, qui a un écho particulier dans le contexte de guerre en Ukraine.
De "fortes indications" de l'implication de Vladimir Poutine
Contrairement à ce qu'affirme l'ambassade russe des Pays-Bas, une enquête internationale a bien eu lieu – mais la Russie refuse d'en reconnaître les conclusions, jugées trop politiques.
Le 17 juillet 2014, le vol MH17 a décollé des Pays-Bas pour se rendre à Kuala Lumpur en Malaisie. Il devait survoler l'Ukraine, où les séparatistes pro-russes revendiquaient notamment la création de la République populaire de Donetsk en début d'année – pas reconnue par l'Union européenne. La Russie avait annexée la Crimée quelques mois plus tôt. L'avion s'est écrasé dans la région de Donetsk, tuant tout son équipage et tous ses passagers, en grand majorité néerlandais.
Une enquête internationale a alors été ouverte et elle a notamment conclu que l'avion avait été abattu par un missile russe, tiré par des séparatistes pro-russes. Trois ont d'ailleurs été condamnés à la prison à vie aux Pays-Bas mais ne purgent pas leur peine car la Russie a toujours refusé de les extrader, rejetant le verdict du tribunal néerlandais, jugé "scandaleux" et politiquement motivé.
L'enquête a aussi conclu à de "fortes indications" d'une implication directe de Moscou . "Il y a de fortes indications qu'une décision a été prise au niveau présidentiel, par le président Vladimir Poutine, de fournir à la 'République populaire de Donetsk' le système de missile Buk TELAR" utilisé, a déclaré la procureure néerlandaise Digna van Boetzelaer, lors d'une conférence de presse à La Haye en février 2023. Néanmoins, la procureure estimait que "le seuil des preuves complètes et concluantes [n'était] pas atteint". Dans l'impasse, les investigations ont ainsi été suspendues. Depuis, l'Union européenne, les Pays-Bas ou encore l'Australie tiennent la Russie pour responsable et l'appelle à reconnaître son implication.
Une manipulation des faits habituelle par la Russie
Dix ans ont passé depuis le crash du vol MH17 mais la prise de position de l'ambassade russe aux Pays-Bas montre que la rhétorique de désinformation de la Russie n'a pas changé. Elle a même trouvé un nouvel écho depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022.
En 2014, la Russie s'était retrouvée isolée sur la scène internationale après l'annexion de la Crimée. Lors du crash, alors que tous les yeux se tournaient vers elle, elle avait accusé l'Ukraine d'être l'autrice du tir du missile incriminé et de lui faire porter le chapeau. Aujourd'hui, la Russie fait toujours la même chose.
En janvier 2023, le porte-parole du Kremlin a accusé la défense anti-aérienne ukrainienne d'avoir causé l'effondrement d'un immeuble à Dnipro, tuant des dizaines de personnes, alors que la faute est attribuée à une frappe aérienne russe. Bis repetita il y a quelques jours. Le 8 juillet dernier, Moscou a accusé Kiev d'avoir bombardé l'hôpital d'Okhmatdyt, un hôpital pour enfants, alors que, selon l'ONU, après analyse des séquences vidéo, il est "fort probable" qu'il s'agisse plutôt d'un "tir direct" de missile russe.
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