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Covid-19 : est-il vrai que 40% des non-vaccinés "n'ont pas accès aux vaccins", comme le disent plusieurs candidats à la présidentielle ?

Ce chiffre de 40% a été repris par plusieurs sites d'information et par plusieurs responsables politiques. Ils disent s'appuyer sur une étude de l'Inserm. Pourtant, aucune étude n'a jamais écrit ce chiffre. 

Article rédigé par Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une femme se fait vacciner. (Illustration).  (THIBAUT DURAND / HANS LUCAS)

Quel est le profil des quelques cinq millions de non-vaccinés contre le Covid-19 ? Depuis plusieurs jours, des responsables politiques citent un chiffre en particulier. La dernière en date, c'est Christiane Taubira, mardi 18 janvier sur France Inter "Ce qui me pose problème ce sont, ce que dit l'Inserm, les 40% de personnes non vaccinées qui n'ont pas accès aux vaccins." Christiane Taubira n'est pas la seule candidate à la présidentielle à donner ce chiffre. Jean-Luc Mélenchon lui aussi l'a cité, tout comme plusieurs élus insoumis. Sauf que l'Inserm n'a jamais publié précisément ce chiffre. 

Un phénomène complexe à quantifier 

Vous pouvez chercher dans toutes les études de l'Inserm, aucune n'avance un tel chiffre. La seule publication récente qui évoque le profil des non-vaccinés est une note de six pages qui s'intéresse aussi à la vaccination des enfants et à l'application Tous Anti-covid. 

À la toute fin de cette note, il y a un court paragraphe intitulé "Qui ne veut toujours pas se faire vacciner ?" On peut y lire notamment que "l'accès aux soins et les ressources semblent déterminantes", mais le chiffre de 40% n'apparaît jamais. 

Pour bien comprendre, franceinfo a appelé le chercheur à l'origine de cette note. Jérémy Ward nous a expliqué que ces personnes éloignées du système de soins sont essentiellement des personnes âgées isolées, des immigrés qui parlent mal le français ou encore des SDF. Il nous a surtout confirmé que ce chiffre de 40%, il ne l'a pas écrit. Mais il l'a dit lors d'une interview pour donner "un ordre de grandeur". 

"C'est une évaluation à la louche. On sait que c'est une grosse minorité et une grosse minorité c'est à peu près entre 25 et 40%. Mais ce chiffre n'existe pas, et il ne peut pas exister car les données ne sont pas disponibles."

Jérémy Ward

à franceinfo

En clair, ce chiffre de 40% ne vient pas d'une étude de l'Inserm, mais d'un chercheur qui a voulu estimer un phénomène complexe et aujourd'hui impossible à quantifier précisement.

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