Cet article date de plus de dix ans.

Claude Bartolone dit-il vrai sur les élections municipales sanctions ?

Le président socialiste de l'Assemblée nationale tente de relativiser la déroute électorale du PS aux élections municipales. Il affirme qu'il "n'y a jamais eu d'élection municipale favorable au pouvoir en place depuis 1977". Vrai ou faux ?
Article rédigé par Gérald Roux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (©)

Faux

Il existe deux exemples d'élections municipales qui n'ont pas été des sanctions pour le pouvoir. 1989 et 1995. Nous nous sommes penchés sur les élections municipales depuis 1977. 

1977 : sanction contre VGE

Cette élection municipale est clairement une sanction pour le pouvoir. Valery Giscard d'Estaing est président et subit un double désaveu. 
D'abord, l'union de la gauche PS/PC/Radicaux est à 51% en voix, et la droite à 42%. La gauche remporte 70% des communes de plus de 30.000 habitants.
Ensuite, VGE souffre aussi sur sa droite. Son grand rival RPR Jacques Chirac devient maire de Paris en écrasant le candidat soutenu par VGE, Michel d'Ornano.

1983 : sanction contre Mitterrand

François Mitterrand est président depuis deux ans et la gauche subit une très large défaite. C'est une vague RPR/UDF qui déferle avec 53% des voix en national contre 47% à la gauche.
La gauche perd 31 villes de plus de 30.000 habitants. Chirac à Paris est réélu et réalise le grand chelem, 20 arrondissements sur 20.
Six mois plus tard, en septembre 1983, une élection municipale partielle marque l'émergence du Front national, à Dreux avec une liste commune RPR/Front national qui remporte le scrutin.

1989 : pas de sanction contre Mitterrand

C'est là que Claude Bartolone est démenti une première fois.
En 1989, François Mitterrand a été réélu président un an avant.  Michel Rocard est Premier ministre.
Les élections municipales ne sanctionnent pas le nouveau pouvoir. Le PS gagne une vingtaine de villes de plus de plus 30.000 habitants, parmi lesquelles Nantes, Strasbourg, Brest, ou Aix-en-Provence. 

1995 : pas de sanction contre Chirac et la droite

Encore "faux" pour Claude Bartolone.
En 1995, Jacques Chirac a été élu président en mai. Le scrutin municipal de juin ne marque pas un désaveu de ce président fraichement élu mais dont la majorité de droite est aux affaires depuis deux ans. En pourcentage de voix, droite et gauche sont au coude à coude. C'est une victoire modérée pour la droite, qui gagne plus de villes que la gauche, notamment pour les communes de plus de 30.000 habitants. Le Front national conquiert Toulon, Marignane et Orange.

2001 : sanction contre la gauche

Chirac est président, mais c'est la gauche qui tient l'Assemblée avec Lionel Jospin, Premier ministre depuis quatre ans. 
Le pouvoir en place est donc à gauche. Il subit un revers lors des municipales de 2001. En pourcentage, la droite est à 47%, la gauche 43%. Elle perd Strasbourg, Aix-en-Provence ou Rouen. A contre courant, les socialistes Bertrand Delanoë et Gérard Collomb prennent respectivement Paris et Lyon.

2008 : sanction contre Sarkozy

Cette fois-ci, c'est la droite au pouvoir qui est désavouée.
Nicolas Sarkozy est président depuis un an, mais l'UMP est aux manettes depuis 2002.
Le gauche, et notamment le PS, prennent à la droite une quarantaine de ville de plus de 30.000 habitants. La gauche dirige désormais 57% des villes de plus de 30.000 habitants et les trois quarts des villes de plus de 90.000 habitants.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.