Chômage : il y a 12 ans, le Royaume-Uni avait le même taux que la France, aujourd'hui il est 2 fois inférieur ?
Le président du groupe les Républicains, Bruno Retailleau, était notre invité mardi. Interrogé sur le nombre de chômeurs en France, il a fait cette comparaison entre le taux de chômage au Royaume Uni et en France : “Je vous rappelle que le Royaume Uni, il y a douze ans, avait à peu près le même taux de chômage [qu'en France]. Aujourd’hui, c'est deux fois moins que nous. Ce que nous voulons faire simplement, c’est prendre des solutions qui ont marché ailleurs dans des grands pays et qui ont réduit cette souffrance sociale immense qu’est le chômage de masse ”.
La démonstration que tente de faire le sénateur Les Républicains est biaisée. D’abord, non, le taux de chômage du Royaume Uni n’était pas le même en France et au Royaume Uni il y a douze ans. Il a toujours été inférieur au nôtre, et ça depuis 23 ans, selon Eurostat. Si on prend 2004, la référence de Bruno Retailleau, ce taux était de 4,5% au Royaume Uni. En France, il frôlait avec les 9%, soit déjà le double. Depuis, c’est une constante. Aujourd’hui le taux de chômage est de 10% en France, et de 5% au Royaume Uni. Le sénateur Les Républicains a raison sur cette partie, mais encore une fois, c’est sa démonstration qui ne tient pas. Car en fait, il fait surtout une erreur dans les dates.
Raisons démographiques et précarité
C’est quand même une erreur de plus de dix ans. Il faut en effet remonter à 1993 pour trouver un taux de chômage identique dans les deux pays. Donc quand Bruno Retailleau dit qu’il veut prendre “des solutions qui ont marché ailleurs ”, et là en l'occurrence au Royaume Uni, cela aurait pu être fait il y a déjà longtemps. Mais si cela n'a pas été le cas, c'est tout simplement qu'il n’existe pas de recette miracle chez nos voisins anglais. Ils ont réussi à baisser de moitié leur taux de chômage en presque 25 ans, mais de l’avis de nombreux économistes, c’est une situation particulière en Europe. Elle est due non pas à une politique efficace de l’emploi, mais à la contraction de la population en âge de travailler et à la baisse du taux d’activité. C’est avant tout une raison démographique.
Et puis, il faut rappeler également qu’il y a certes moins de chômage outre-Manche, mais que la précarité y est très forte notamment chez les jeunes. Ils trouvent plus facilement des emplois, mais ce sont des “minis jobs”, des contrats à temps partiel, très courts et souvent très mal payés, comme c'est le cas en Allemagne.
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