Bernard Accoyer dit-il vrai sur la facture des 35 heures ?
Faux.
Le député de Haute-Savoie ne prend
en compte que le coût budgétaire des 35 heures, ce qui est sorti des
caisses de l'État : 12 milliards d'euros d'allègements de charges chaque année
pour financer les RTT, et 8 milliards pour les postes supplémentaires de
fonctionnaires. Alors, si l'on s'arrête à cela, la facture est bien de 240
milliards sur 12 ans, comme l'explique Bernard Accoyer.
Mais c'est une présentation très partielle
et partisane des 35 heures. Car il faut mettre aussi dans la balance les 350.000 emplois créés après la mise en place de la réduction du temps de travail (source : Insee, rapport de 2004). Des emplois qui
représentent autant de dépenses sociales en moins pour l'État et de rentrées
fiscales supplémentaires. "Cela fait baisser le nombre de chômeurs d'environ 280.000, soit autant de dépenses d'indemnisation économisées par l'État. Et cela donne du pouvoir d'achat à ces nouveaux travailleurs, qui vont payer de la TVA, un impôt sur le revenu etc. Cela ramène donc le coût réel des 35 heures à environ six milliards d'euros annuels", explique Eric Heyer, de l'OFCE (centre de
recherches économiques de Sciences-Po).
Perte de croissance
Six milliards, cela reste toutefois une somme importante. Trop importante ? La question peut se poser, mais jusqu'à présent, on n'a pas trouvé plus rentable
pour soutenir la création d'emploi dans le secteur marchand.
Dernier élément : si l'on dresse un
rapide portrait robot des entreprises qui ont gagné ou perdu après la mise en
place des 35 heures. Les perdantes sont plutôt les petites entreprises de
service, peu confrontées à la concurrence internationale. Et les gagnantes, les
grosses industries, très exposées, elles, à la concurrence étrangère.
L'argument selon lequel les 35 heures seraient directement responsables de la
perte de compétitivité française semble donc ne pas tenir.
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