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"18.000 policiers et gendarmes blessés en service l'an dernier" ?

C'est ce qu'assure le député Les Républicains Eric Ciotti. Il reprend en fait un chiffre avancé par le ministre de l'Intérieur en début de semaine. Mais il est largement contestable.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Eric Ciotti affirme que 18.000 policiers et gendarmes sont blessés en service © Maxppp)

Au total pour l'an dernier, la Direction générale de la police nationale a compté 12.608 policiers blessés. De son côté, la gendarmerie nationale avance 5.690 atteintes physiques. Ce qui nous fait un total de 18.298 blessés parmi les forces de l'ordre en 2015, soit 50 par jour en moyenne.

On retrouve donc à peu près le chiffre d'Eric Ciotti sur France Info. Une estimation avancée également par le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, dans sa lettre ouverte à la CGT en début de semaine.

 

  (Extrait de la lettre ouverte du ministre de l'Intérieur à Philippe Martinez en début de semaine © Capture d'écran)
 

Pourquoi ce chiffre est contestable 

Lorsqu'Eric Ciotti affirme que 18.000 policiers et gendarmes ont été blessés "en service", on peut avoir l'impression qu'il s'agit de blessures lors d'opération sur le terrain de la police ou de la gendarmerie. Or ce n'est pas le cas. Le chiffre de 12.608 policiers blessés l'an dernier regroupe en fait les blessures "en service" et "en mission".

Et cette distrinction n'est pas anodine. Les blessures "en service" sont celles qui interviennent pendant les heures de service (accident lors de la manipulation de l'arme de service ou chute lors d'un entraînement) ou lors du trajet entre le domicile et le travail : 6.872 blessures.

Les blessures "en mission" sont donc elles qui interviennent sur le terrain : 5.736 l'an dernier. Voilà pourquoi Jean-Marc Falcone, le directeur général de la police nationale, disait sur RTL jeudi matin qu'il y a "500 policiers blessés en moyenne par mois dans ce pays", ce qui fait bien enivron 6.000 blessés. De leur côté, les gendarmes ne font pas la distinction entre "mission" et "service". 

Pas encore "d'outil fiable et complet"

L'autre souci de ces "18.000 policiers et gendarmes" est méthodologique. Pour calculer leur nombre de blessés sur une année, la police se base sur les déclarations de ses agents alors que les gendarmes comptabilise seulement les procédures administratives effectivement engagées.

En clair : "le volume des atteintes aux militaires de la gendarmerie nationale peut difficilement être mis en comparaison avec celui de la police nationale", comme le résume l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales. L'ONDRP qui a mis en place un groupe de travail pour harmoniser le "concept d'agression contre les forces de l'ordre" et "disposer d'un outil fiable et complet". Ce qui n'est donc pas le cas pour le moment.

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