#ImpactFrance, un cas d'école de rumeur sur les réseaux sociaux
Que dit la rumeur ?
L'astéroïde 2013 TX68 va s'écraser sur Marseille le 5 mars prochain à 23h26 précises. D'après un scientifique de la Nasa sur Twitter, l'impact est certain à 96,4%. Un article du site de la radio RTL indique que toute la population concernée par ce crash éventuel va être évacuée dans les jours qui viennent. Des images relayées des dizaines de fois montrent la zone d'impact ou le tsunami qui ne manquera de se créer si l'astéroïde tombe dans la Mediterrannée.
Une histoire relayée à des centaines de reprises ces dernières heures sur Twitter et Facebook... sans qu'on sache encore si beaucoup de personnes y croient ou veulent juste rendre cette rumeur populaire. Mais finalement peu importe. Ce qui compte, c'est que les internautes à l'origine de ce hoax, cette fausse information, ont laissé des traces qui montrent comment, plus largement, les conspirationnistes opèrent sur les réseaux sociaux.
Pourquoi c'est faux ?
Comme toute bonne rumeur, cette histoire part d'une réalité pour la déformer et jouer sur la peur. Le 5 mars prochain, l'astéroïde 2013 TX68 va bien "frôler" la Terre. Mais le rocher de 30 mètres de diamètre devrait passer à 17.000 km de la surface de notre planète. D'après les astronomes, c'est lors du prochain passage de cet astéroïde, en septembre 2017, qu'il y aura une probabilité d'impact... de l'ordre d'une sur 250 millions. Et le cas échéant, le caillou devrait se désintégrer dans l'atmosphère avant de terminer en petite pluie de météorites.
Mais alors d'où vient cette rumeur ?
Tout semble partir d'un message posté sur le forum de jeux vidéos forumjv.com. Le voici :
Le but de cette "opération" est donc simplement d'essayer d'apparaître dans les sujets les plus discutés sur Twitter. Et pour rendre cette rumeur populaire, ses auteurs ont imaginé une sorte de mode d'emploi qui reprend en fait les grands classiques de la désinformation sur les réseaux sociaux :
Mais pour qu'une rumeur se propage, il faut aussi lui donner de la crédibilité. Ses organisateurs vont donc créer tout un environnement numérique destiné à montrer le sérieux de cet événement incroyable. Voilà comment il s'y sont pris.
D'abord : fabriquer de fausses images pour mieux illustrer les messages alarmistes.
Ensuite, créer de faux comptes de scientifiques, de journalistes ou d'hommes politiques pour donner plus de poids à la rumeur. A l'image de ce "Stephen Everton", que l'on nous présente comme un scientifique de la Nasa depuis 1996... mais qui ne compte que six abonnés et sept tweets au compteur. Il s'agit en fait de Stephen Volz.
The latest calculation of the SENTRY algorithm is formal: the probability of an Earth impact are 96.4%#ImpactFrance pic.twitter.com/FGpX7ewdWO
— Stephen Everton (@everton_stephen) February 14, 2016
Pour tenter de minimiser encore plus les doutes des utilisateurs de réseaux sociaux et les pousser à propager la rumeur, les organisateurs de #impactfrance vont également relayer de faux articles de presse créés grâce à des plateformes comme clonezone ou actualite.co. C'est le cas par exemple de ce détournement de vrai article publié sur le site de la radio RTL. Ou encore ce faux papier de 20 minutes.
A l'inverse, histoire de ratisser large et convaincre un public déjà acquis aux théories du complot, certains faux comptes Twitter vont jouer sur l'un de leurs mantras préférés : "les médias nous cachent des choses".
#ImpactFrance le hashtag qui monte malgré le silence des médias !
— David Chancelle (@ChancelleDavid) February 14, 2016
Sauf que le David Chancelle en question se trouve être George Osborne, ministre britannique des Finances. La photo a été prise par le photojournaliste de l'AFP Leon Neal.
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