Réseaux sociaux : peut-on vraiment tout dire, tout faire, tout diffuser ? Le Vrai du Faux Junior
Cette semaine, dans le Vrai du Faux Junior, les élèves s'interrogent sur ce qu'on peut vraiment faire, ou pas, sur les réseaux sociaux et sur les conséquences pénales de certains actes.
Le Vrai du faux junior, c'est le rendez-vous de décryptage et de vérification de l'information réalisé avec des collégiens et cette semaine avec une classe de 5ème du collège des Bruyères à Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine. Réponses à leurs questions sur ce qu'on a vraiment le droit de faire ou pas sur les plateformes et réseaux sociaux.
Non, on ne peut pas tout diffuser sur Twitch
"J’ai vu dans le journal télévisé qu’un jeune homme de 18 ans a tué dix personnes dans un supermarché à Buffalo aux Etats-Unis et qu’il aurait tout diffusé sur la plateforme Twitch. A-t-on le droit de tout diffuser ?", s'interroge Lou. Twitch, c'est cette plateforme américaine conçue au départ autour de parties de jeu vidéos en direct et qui donnent la possibilité de dialoguer directement avec le joueur. C'est devenu aussi, au fil des usages, un outil de communication.
Romain Badouard, chercheur à l’Institut français de presse, répond à Lou : "Il faut d'abord savoir que les sites comme Twitch, YouTube ou Facebook, ce qu'on appelle les plateformes, sont tenues de respecter les lois et qu'à ce titre, non, elles n'ont pas le droit de diffuser des vidéos comme celles de massacres ou de vidéos violentes." Le chercheur nuance ensuite, en précisant que cela reste malheureusement théorique. "Dans la pratique, le problème que rencontrent ces sites Internet, c'est qu'ils doivent faire face à un nombre très important de publications". Sur YouTube par exemple, précise t-il, " on estime qu'il y a 500 heures de vidéos qui sont chargées sur le site toutes les minutes. Pour faire face à tous ces contenus qui sont publiés par les utilisateurs, ce que font les plateformes, c'est de développer des outils de détection automatique".
Romain Badouard précise que ces outils agissent un peu comme des robots ou des logiciels qui vont passer en revue les contenus des publications des internautes pour repérer des images interdites, ou des mots interdits.
La problématique accrue concernant Twitch est liée à la diffusion en direct. " C'est beaucoup plus difficile à modérer que les posts écrits, les photos ou les vidéos qui sont postées après avoir été avoir été filmées, explique le chercheur. Par exemple lors du dernier massacre qui avait commencé à être diffusé sur Twitch, les algorithmes et les outils de Twitch ont réussi à repérer la vidéo et à la stopper au bout de deux minutes de diffusion. Deux minutes, c'est déjà énorme parce qu'il se passe beaucoup de choses malheureusement en deux minute. Mais il faut avoir en tête qu'il y a quelques années, lorsqu'un événement similaire s'était déroulé en Nouvelle-Zélande et qu'il avait été diffusé sur Facebook Live, la vidéo avait duré plus de quinze minutes". Il y a donc encore des points à améliorer mais quoi qu'il en soit, non, on n'a pas le droit de tout diffuser sur Internet, sur quelque plateforme que ce soit.
Oui, insulter un autre élève ou un enseignant sur un réseau social en accès public est passible des sanctions pénales
"Un élève du collège a publié sur Instagram une vidéo où il insulte un autre élève, la CPE et les profs en donnant leurs noms. Qu’est-ce qu’il risque devant la loi ?", demande Thelma
C'est cette fois Eric Morain, avocat pénaliste, qui lui répond. "À partir du moment où le compte n'est pas en mode privé ou n'est pas en mode cadenassé, explique t-il, ces propos sont alors publics et peuvent constituer une injure publique et même une injure publique aggravée si la personne vise des personnes qui sont protégées par la loi, en l'occurrence des professeurs". L'avocat au barreau de Paris précise que c'est une peine d'amende qui est encourue, mais que, si ces propos sont accompagnés de menaces, voire de menaces de mort, on passe à un degré supérieur et c'est un délit puni de peine d'emprisonnement et d'une amende.
Par ailleurs, ajoute Eric Morain, "si ces propos sont répétés, réitérés à l'égard des mêmes personnes, ils peuvent aussi constituer un délit de harcèlement qui est aussi un délit puni d'une peine d'emprisonnement et d'une amende ". Si la personne est mineure, elle peut tout à fait être poursuivie et ses parents être tenus responsables des dommages et intérêts qui pourraient être prononcés au bénéfice des victimes. Enfin, d'un point de vue disciplinaire, puisque l'élève contrevient au règlement intérieur, il peut subir une sanction qui peut aller jusqu'à l'exclusion du collège.
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