Guerre entre le Hamas et Israël : le vrai ou faux junior répond aux questions des adolescents
Quelles sont les origines du conflit ? Qu'est-ce que le Hamas et pourquoi veut-il détruire Israël ? La France va-t-elle envoyer des troupes dans ce conflit ? Est-ce vrai que la Jordanie est impliquée dans ce conflit ? Comment vérifier l'information autour de l'explosion au niveau d'un hôpital dans la bande de Gaza ?
Les élèves du collège du Sacré-Cœur à Marseille et ceux du collège Jules-Ferry dans l'Essonne, ainsi que des adolescents de l'association La plume de Swane, hospitalisés à l'hôpital Necker à Paris, nous ont posé des questions sur cette guerre. Christian Chesnot et Chadi Romanos, journalistes à la rédaction internationale de Radio France, leur répondent.
Des origines du conflit très anciennes
Laszlo s'interroge "sur l’origine du conflit israélo-palestinien" et Hugo se demande s'il est vrai "que le conflit israélo-palestinien a commencé à la fin de la Seconde guerre mondiale".
Christian Chesnot, spécialiste du Moyen-Orient et journaliste à la Rédaction internationale de Radio France leur explique qu'il faut d'abord remonter à la fin du XIXe siècle, à la suite des pogroms en Europe et en Russie, c'est à dire des attaques ciblées contre les juifs, où ces derniers ont commencé à immigrer en Terre Sainte ou Terre promise selon les appellations, là où sont les lieux saints du judaïsme. En Palestine, la population juive va alors grandir aux côtés des Arabes musulmans et chrétiens, explique Christian Chesnot.
Et en 1917, pendant la ¨Première Guerre mondiale, le ministre britannique des Affaires étrangères, lord Balfour, annonce qu'il accorde "un foyer national pour le peuple juif". Ce foyer national se situe en Palestine, et c'est à cet endroit que va naître l'embryon du futur Etat israélien, précise Christian Chesnot. Il indique que c'est à partir de ce moment que la cohabitation va un peu dégénérer et après la Seconde Guerre mondiale et la Shoah où six millions de Juifs ont été massacrés, les rescapés des camps de concentration vont venir s'installer dans ce foyer national juif. Cette arrivée massive va créer des frictions et affrontement avec les Arabes chrétiens et musulmans sur place.
Christian Chesnot explique qu'en 1947, l'ONU décide de créer Israël et la Palestine, un territoire arabe, sauf que les Arabes à ce moment-là, refusent ce partage et vont donc faire une guerre contre le futur état israélien. Cette guerre va se terminer en 1948 et les Israéliens vont réussir à fonder leur Etat en mai 1948. Cela correspond à la naissance d'Israël, mais aussi de la confrontation avec les Palestiniens et les Arabes de la région qui ne veulent pas de cet État israélien.
Le Hamas, l'organisation islamiste qui contrôle la bande de Gaza
Léonard nous demande "ce qu’est le Hamas et pourquoi veut-il détruire Israël". Le Hamas, c'est une organisation palestinienne islamiste considérée comme terroriste par une grande partie de la communauté internationale, dont la France. Cette organisation a toujours été opposée au dialogue avec Israël qu'elle voit comme une puissance coloniale en Palestine. C'est le Hamas qui dirige le territoire palestinien de la bande de Gaza, depuis son élection en 2006.
Dans ce conflit, le Hamas est responsable de l'attaque meurtrière du 7 octobre dernier en Israël qui a fait 1 400 morts côté israélien.
Le lien indirect de la Jordanie dans ce conflit
La Jordanie a réclamé hier, avec l'Egypte, l'arrêt immédiat de la guerre à Gaza, accusant Israël d'y infliger "une punition collective" visant à "affamer" les Palestiniens de Gaza. Chiara se demande s'il est "vrai que la Jordanie est impliquée dans ce conflit."
Christian Chesnot lui répond que la Jordanie est impliquée de manière indirecte parce qu'il faut savoir qu'entre la création d'Israël en 1948 et la guerre des Six Jours en 1967, ce territoire était sous autorité jordanienne et l'autre aspect, c'est que la Jordanie a accueilli des centaines de milliers de réfugiés palestiniens qui avaient été chassés par les Israéliens par les guerres de 1948 et de 1967. Il précise qu'il y a aujourd'hui une grande partie de la population jordanienne qui est d'origine palestinienne.
Non, il n'y a pas de soldat français envoyé sur ce conflit
Yannick se demande s'il est vrai "qu’il y a des soldats français qui ont été envoyés à la guerre pour aider dans le conflit entre Israël et la bande de Gaza ?"
Non, la France n'a pas envoyé ses soldats en Israël. En revanche, des Franco-Israéliens, réservistes de l'armée israélienne, vivant en France, ont pour certains été appelés en renfort pour combattre le Hamas dès le début du conflit.
La nécessité de tout vérifier
Cette guerre entre Israël et le Hamas, c'est aussi celle de l'information et cela implique une vigilance constante des journalistes sur le terrain et à distance.
Exemple : l'explosion qui a touché un hôpital à Gaza, le 18 octobre. Très vite, une question s'est posée : qui en est l'auteur ? Israéliens et Palestiniens se sont rejetés la responsabilité et pour tenter d'apporter des réponses factuelles, les journalistes utilisent parfois l'OSINT pour faire de la vérification d'information. C'est ce qu'ont fait la rédaction internationale de Radio France et la cellule vrai ou faux de franceinfo.
Chadi Romanos, rédacteur en chef du numérique à la rédaction internationale de Radio France qui a travaillé sur cette explosion, m'a expliqué que l'OSINT ce sont toutes ces données, ces analyses, en libre accès, générées par des gens qui se servent de leur spécialité, de leurs connaissances dans différents domaines (la géographie, la stratégie militaire, la gestion de données, etc) pour tenter d'apporter des réponses factuelles à ce qu'on observe, en l'occurrence là, sur les images de cette explosion.
Par exemple, sur le bilan humain suite à cette explosion, le Hamas avançait le chiffre de 500 victimes après l'explosion. Chadi Romanos nous livre l'analyse d'un expert sur ce sujet, qui dit qu'en comparant les images de l'explosion au niveau de cet hôpital à Gaza avec celles d'un bombardement en Irak en 2017 et d'un bombardement en Syrie l'année dernière, qui avaient fait 350 à 500 morts, on se rend compte que ça ne correspond pas du tout et que ce n'est pas comparable.
A partir de toutes ces analyses de données, Chadi Romanos nous explique ce que la rédaction a pu en conclure sur cette explosion. On est capable aujourd'hui, dit-il, d'apporter des réponses assez simples, de dire qu'effectivement il y a eu une explosion dans le parking de cet hôpital, que cette explosion est peu probablement due à un bombardement aérien, que son ampleur est relativement contenue, elle n'a pas ravagé un quartier entier. Connaître la source ? On ne sait pas. Et on est capable de dire qu'on n'est pas sûr que ce soit intentionnel.
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