Est-ce vrai que c'est risqué de consommer les œufs issus des poulaillers domestiques d'Ile-de-France ?
Le 19 avril dernier l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France recommandait aux habitants de la région ne pas consommer les œufs de leurs poulaillers personnels, ou poulaillers domestiques. Les élèves du collège Jules-Ferry, à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne) avaient des questions sur ce sujet et c'est le docteur Luc Ginot qui leur répond, il est directeur de la santé publique à l'ARS d'Ile-de-France.
Oui, il faut éviter de consommer les œufs de son poulailler domestiques en Ile-de-France
Lilian a lu sur internet qu'il "ne fallait pas manger d'œufs, car ils sont contaminés", il se demande si c'est bien vrai.
Le docteur Ginot précise d'abord que "de manière générale les œufs sont importants dans l'alimentation et qu'il faut continuer à en manger". En revanche, le directeur de la santé publique à l'ARS d'Ile-de-France confirme la recommandation de ne pas consommer certains œufs, ceux "issus des poulaillers domestiques, ceux qu'on a chez soi, dans une petite cours ou encore dans l'arrière-jardin et qui sont moins contrôlés que les œufs vendus dans le commerce."
Lilian se demande aussi si "ce sont les poules ou les œufs qui sont contaminés". Le docteur Ginot lui répond : "Les deux, parce que les polluants qu'on a regardés, les dioxines et les furanes, sont des polluants qui se concentrent dans ce qu'on appelle la matière grasse. Et il y a de la matière grasse à la fois dans les poules et dans les œufs qui sont produits par ces poules."
Des polluants présents dans des oeufs venant de poulaillers proches d'incinérateurs, mais pas seulement
Marie a lu "que la consommation des œufs de poulaillers à proximité des principaux incinérateurs de déchets autour de Paris était déconseillée, car ils sont contaminés par du dioxine, du furane et des polychlorobiphényles (PCB)" et elle se demande quel est leur impact exact sur nous. En résumé, que risque-t-on si l'on mange ces œufs ?
Luc Ginot précise d'abord que "ces polluants, c'est ce qu'on appelle des polluants organiques et persistants. Cela veut dire qu'ils sont présents dans notre environnement depuis longtemps, depuis qu'il y a une activité industrielle, en région parisienne comme ailleurs, ce n'est donc pas à proximité des principaux incinérateurs de déchets, ni autour de Paris ni ailleurs". Le docteur Ginot explique que "l'étude montre quil y a une présence des polluants dans les œufs dans des tas de zones de la région parisienne, certaines à proximité d'incinérateurs, d'autres très éloignées des incinérateurs."
Selon lui, "le risque est apparemment très faible, c'est-à-dire qu'il est lié aux dioxines, au furane ou aux PCB qui ont un impact à très long terme." Le docteur Ginot précise que "lorsqu'on est exposé pendant très longtemps, notamment en milieu professionnel, ces impacts peuvent être cutanés [au niveau de la peau], se manifester au niveau du foie, ou encore participer au développement de cancers ou de problèmes au niveau de la reproduction."
Mais il rappelle que pour en arriver à ces risques, il faut être exposé très longtemps et de façon très importante.
Une étude menée en Ile-de-France seulement
Cristina se demande "si cela va se produire seulement en Ile-de-France ou dans d'autres départements."
Le docteur Ginot explique qu'"on ne peut pas connaître la situation ailleurs, dans les autres régions, car l'enquête a été menée seulement en Ile-de-France". Cette étude de l'ARS a été menée en réponse au signalement d'habitants du Val-de-Marne qui étaient inquiets d'avoir trouvé, par des prélèvements réalisés par des associations, de la dioxine dans les œufs de leurs poulaillers.
L'ARS a ensuite réalisé des prélèvements dans 25 lieux différents en Ile-de-France et dans 21 de ces lieux, ils ont trouvé des traces de dioxine et de PCB.
Les polluants qu'on peut retrouver dans les légumes sont différents de ceux qu'on trouve dans les œufs
Amaury se demande "si cela concerne les œufs, est-ce que cela pourrait concerner autre chose, comme par exemple les légumes."
Le docteur Ginot explique qu'il y a deux principes concernant la pollution. "D'une part, ça peut toujours tout concerner. Et d'autre part, certains polluants ont plus d'affinités pour certains types de produits."
Par exemple, "la dioxine et les PCB se concentrent plutôt dans les matières animales et grasses, donc on ne va pas les retrouver dans les légumes. En revanche, certains légumes peuvent éventuellement, dans d'autres circonstances, concentrer d'autres polluants, comme le plomb ou les métaux."
Et c'est pour cela, explique Luc Ginot, que "quand on a des jardins potagers, par exemple en milieu industriel, il faut toujours respecter les bonnes recommandations, l'agence a fait une espèce de petit guide pour ça qui permet de savoir si on peut consommer sa production en sécurité ou pas."
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