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Marche contre la vie chère : les auditeurs s'interrogent autour du comptage des manifestants

Le chiffrage des manifestants lors de grands rassemblements populaires soulève toujours des questions. Quelques éléments de réponse avec Estelle Cognacq, directrice adjointe de franceinfo et directrice de l'Agence Radio France. Elle est en compagnie de la médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet.

Article rédigé par Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Marche contre la vie chère et l'inaction climatique. Les auditeurs interrogent la médiatrice de Radio France sur le comptage des manifestants.  (FRANCEINFO)

La manifestation "La marche contre la vie chère", conduite par Jean-Luc Mélenchon dimanche 16 octobre à Paris, a réuni 140 000 participants selon les organisateurs, 30 000 selon une source policière, et 29 500 selon le comptage du cabinet Occurrence qui travaille pour un collectif de médias, dont franceinfo.

Des auditeurs se disent perplexes lorsqu’ils entendent de tels écarts. On passe de 140 000 à 29 500 manifestants. Et certains auditeurs s’interrogent sur le cabinet Occurrence. Ils émettent des réserves sur son indépendance. Estelle Cognacq, directrice adjointe de franceinfo et directrice de l’Agence Radio France est au micro d’Emmanuelle Daviet.

Emmanuelle Daviet : Pouvez-vous nous rappeler l’origine du recours à Occurrence pour compter le nombre de personnes dans une manifestation ?

Estelle Cognacq : A chaque manifestation, il y a un décalage souvent fort entre les chiffres donnés par les manifestants, les organisateurs, et ceux donnés par les autorités, notamment les préfectures. On sait que des deux côtés, il y a un intérêt à grossir ou à minimiser les chiffres.

Et c’est de là qu’est partie l’idée d’un groupe de médias, il y a quatre ans, de mettre en place un comptage indépendant et donc de faire appel au cabinet Occurrence qui, lui, dispose de techniques de comptage testées, approuvées notamment pour compter les manifestants lors de manifestations. Nous étions en plus dans une période avant Covid où il y avait eu un grand nombre de manifestations. Donc cette question du comptage des manifestants était récurrente.

Quels sont les autres médias ayant recours à Occurrence ?

De très nombreux médias sont associés dans ce comptage indépendant. Il y a des radios comme nous franceinfo, comme les médias de Radio France, RTL, mais aussi des chaînes de télévision TF1, BFM, l’AFP ; des journaux : Le Figaro, Le Parisien, Libération et aussi des titres de presse quotidienne régionale.

C'est vrai qu’aujourd’hui, les comptages se font quand il y a une manifestation plutôt unique à Paris, plutôt que lors des manifestations en régions. D’où aussi le fait qu’on ne compte pas quand il y a un mouvement d’appel national avec une centaine de manifestations un peu partout, mais plutôt une manifestation unique.

Donc il y a à la fois des médias du service public et des médias privés. Le cabinet Occurrence offre davantage de fiabilité que les chiffres donnés par la préfecture par exemple ?

Occurence est un cabinet d’études et de conseil en communication au départ, qui a mis en place un comptage qui repose sur une technologie faite de capteurs, en l’occurrence des caméras qui sont placées sur le parcours de la manifestation, et d’un algorithme qui est développé par une PME française spécialisée dans le comptage des flux de personnes, que ce soit dans les aéroports, dans les centres commerciaux ou dans des musées par exemple, quand on veut connaître le nombre de personnes qui se trouvent à un instant donné à un endroit.

Donc il y a une certaine expérience de ce comptage. Pour faire simple, le dispositif d’Occurrence, c’est un système informatique qui filme le défilé en hauteur, qui se met sur un point de passage du cortège, qui est au-dessus et qui compte. Chaque personne qui traverse une ligne virtuelle sur l’écran est comptabilisée. Par exemple, on ne compte pas les gens qui remontent la manif. Il faut que ce soit dans le sens de la manifestation, pas à rebours. Et à chaque fois, au cas où un capteur tomberait en panne, on en a un en secours.

C’est une technologie fiable, même si elle comporte bien sûr des marges d’erreur. Et là, on essaye d’apporter justement une touche un peu humaine avec un comptage à la main, on va dire, un micro-comptage humain, de 30 secondes en temps réel, sur des moments très denses, denses et peu denses. Cela permet de redresser un peu le résultat. C’est un peu technique. Voilà comment se passe le comptage avec Occurrence.

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