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Le traitement éditorial de la réforme des retraites sur franceinfo

Les auditeurs ont écrit à la médiatrice des antennes de Radio France pour exprimer leur étonnement ou leur désaccord sur le traitement éditorial de la retraite, sur l'antenne de franceinfo. Le directeur de la rédaction de franceinfo, Philippe Rey, leur répond.
Article rédigé par Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Paris - Manifestation à l'appel de l'intersyndicale, qui appelait à la grève ce jeudi 19 janvier, contre la réforme du gouvernement sur les retraites. (GERARD CAMBON / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Philippe Rey, directeur de la rédaction de franceinfo est l'invité d'Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes de Radio France. Il répond aux interrogations des auditeurs sur le traitement du sujet des retraites, sur l'antenne de la radio franceinfo.

Emmanuelle Daviet : Des auditeurs s’expriment sur le traitement éditorial de cette actualité. Deux thématiques se dégagent nettement dans leurs courriels :

Premier constat : la réforme semble déjà actée pour les journalistes : un auditeur écrit :
"
Je suis très étonné que les journalistes de franceinfo présentent régulièrement le projet de réforme des retraites comme un fait acquis, en utilisant des formules telles que : 'Les Français devront travailler plus'. En présentant la réforme comme un fait acquis, on peut considérer que c’est un traitement tendancieux, de nature à décourager les auditeurs opposés à ce projet."

Et puis un autre auditeur s’interroge sur le fait que les journalistes emploient toujours le futur, et pas le conditionnel. "Il faudrait leur rappeler que la loi n’étant toujours pas votée, il faut employer le conditionnel. Le futur nous incite à croire que tout est déjà joué. Ce qui n’est pas le cas."

Philippe Rey, comment recevez-vous ces remarques ?

Philippe Rey : Il faut rappeler d’abord, que les journalistes restent des journalistes, et naturellement, ils ne se substituent pas à la loi, ou au parcours de la loi, avant son application. Le calendrier, on le connaît. Présentation de ce projet de réforme ce lundi 23 janvier. Il y aura ensuite une discussion à l’Assemblée, le 6 février. Et d’ici là, nous avons, nous, l’obligation bien sûr, d’expliquer ce projet de réforme de façon multilatérale, en essayant de recueillir tous les points de vue de tous les acteurs, et en rentrant aussi directement dans le corps du texte, parce qu’il faut savoir de quoi on parle. Pour nous, rien n’est joué à l’heure où on en parle, puisque tout le monde le rappelle, d’ailleurs, c’est peut-être maintenant que tout commence.

La seconde remarque formulée par les auditeurs concerne la pluralité des points de vue. Deux tiers d’auditeurs qui nous écrivent considèrent qu’ils n’entendent que des avis opposés à cette réforme, un tiers estiment que seules, les voix favorables à la réforme des retraites sont données à entendre.

Comment arbitrez-vous les points de vue pour évoquer une réforme contestée ? Une rédaction est-elle vraiment obligée de faire du 50/50, une voix pour, une voix contre, ou est-ce que c'est plus subtil que ça ?

Alors une rédaction est obligée, et c’est vraiment une obligation formelle que nous nous fixons, de donner la parole à tous, ça, c’est invariable. Il faut donner la parole à tous les acteurs de ce sujet, que ce soit des politiques, ou que ce soit des syndicalistes, bien entendu. Et puis aussi et surtout, j’allais dire, aux premiers concernés, c’est-à-dire les Français, les Français qui travaillent, parce qu’ils seront bientôt concernés par la retraite, les retraités également, parce qu’ils ont intérêt à savoir ce qui les attend. Et puis également les jeunes, je remarque malgré tout que les jeunes aujourd’hui – est-ce que c’est parce qu’il y a une modification de leur rapport au travail – sont aussi intéressés par ce texte.

On l’a vu cette semaine, avec cette très forte mobilisation. Les 'pour' et les 'contre' s’en saisissent et nous, à franceinfo, nous les écoutons. Je rappelle d’ailleurs que nous avons reçu Élisabeth Borne, la Première ministre. Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, et qu’à chaque fois, nous avons décidé d’ouvrir le standard pour entendre précisément toutes les questions, et pas seulement les questions des internautes, mais les questions des Français. J’ajoute que cela a eu d’ailleurs un réel succès.

La rédaction de franceinfo était présente sur la terrain jeudi 19 janvier, pour couvrir la mobilisation à travers toute la France. Quel va être désormais votre dispositif pour suivre l’évolution de ce dossier majeur ?

Et bien de suivre précisément ce qui va se passer et essayer, comme nous l’avons fait également dans la semaine, de ne pas se limiter simplement à l’examen de la manifestation parisienne, mais de regarder dans les villes, en régions, dans des villes moyennes. Nous étions par exemple à Laval, où nous avons passé 48h pour essayer de savoir, avec les catégories socioprofessionnelles concernées comment ils recevaient ce texte.

Nous allons continuer, comme nous l'avons fait, parce que je pense qu’il y a là aussi un nécessaire devoir d’explication et d’information, continuer par exemple, à "monter" ces explications, avec la cellule du Vrai, du Faux qui fait un très bon travail, explications qui sont utiles pour connaître le projet dans sa globalité, ce projet qu’il faut expliquer et qui est parfois assez difficile à expliquer. Donc suivre cet agenda.

Un mot pour finir au sujet du comptage des manifestants. On observe qu’à chaque manifestation, il y a un décalage entre les chiffres donnés par les organisateurs des manifestations et ceux donnés par les autorités, notamment les préfectures. Nous en avons encore eu une illustration jeudi dernier, puisque la CGT a affirmé que plus de 2 millions de personnes ont manifesté, tandis que le ministère de l’Intérieur a comptabilisé 1 million de manifestants.

Alors, depuis quelques années, pour bénéficier d’un comptage indépendant, plusieurs médias ont recours aux services du cabinet Occurrence qui dispose de techniques de comptage fiables.
Et en cette fin de semaine, des auditeurs nous ont demandé pour quelles raisons les chiffres du cabinet Occurrence, de la manifestation parisienne de jeudi, n’ont pas été donnés à l’antenne.

La réponse est simple : cette décision vient du fait que le cortège parisien s’est scindé en deux. Les chiffres pris en compte ne reflètent donc pas la réalité de la situation, et seraient, de fait, contestables. Voici la réponse que l’on peut formuler aux auditeurs qui nous ont écrit à ce sujet.

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