Cet article date de plus de six ans.

Le rendez-vous du médiateur. Politique et tenue vestimentaire : peut-on tout dire à la radio ?

Le vêtement est tout sauf anecdotique dans l'univers politique et dans la société en général, et pourtant, il semblerait que certains auditeurs n’apprécient pas du tout que l’on détaille, même en quelques mots, la tenue d’une ministre.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Roxana Maracineanu
 (CÉCILIA ARBONA / RADIO FRANCE)

Un reportage de franceinfo sur la tenue vestimentaire de la nouvelle ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a déclenché des réactions de certains auditeurs qui n'acceptent pas que l'on détaille le style des vêtements de ces personnages publics à l'antenne.

Pour répondre aux auditeurs, Érik Kervellec, le directeur de la rédaction de franceinfo et Cécilia Arbona, journaliste au service des sports de Radio France sont au micro de la médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet.

Lundi 10 septembre, la nouvelle ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a été reçue à Matignon par Édouard Philippe, le Premier ministre, pour obtenir des explications sur son budget, et notamment sur la suppression annoncée de 1600 postes dans son ministère. A l’issue de cet entretien, la ministre était attendue par les journalistes. Cécilia Arbona y était.

Cette description a fait réagir des auditeurs et auditrices

"Pourquoi la journaliste éprouve-t-elle le besoin de nous indiquer la tenue vestimentaire de la ministre ?", "Nous dit-on si la coupe d’un ministre est sage ou fofolle ?", "la description est choquante et déplacée".

Le but est de décrire ce que je vois, souligne Cécilia Arbona ; je suis les yeux des auditeurs. C’est ce qu’on apprend dans les écoles de journalisme : quand on arrive sur le terrain, c’est de décrire ce qu’on voit. C’est un message : je n’oublie pas le fond : la ministre annonce qu’elle va sauver les 1600 postes qui étaient supprimés la veille. Sa tenue "sage de bonne élève" renvoie aussi à "je rentre dans le rang". Elle est passée dans le bureau du Premier ministre et elle dit : "je suis ce gouvernement".

J'ai été très affectée par ces remarques, mais je n’ai pas voulu choquer les auditeurs. Je me dis qu’une époque a changé. On n’écrit plus comme il y a 10 ans. Il faut aujourd’hui être attentif au vocabulaire utilisé. Quand mes confrères décrivent des prévenus dans un tribunal, ils les décrivent aussi à travers leur tenue vestimentaire. Cela a du sens la façon dont on s’habille, selon l’endroit où on est.

Est-ce sexiste de décrire la tenue d’une femme politique ? Cela devient-il un jeu d’équilibriste ?

Selon Érik Kervellec, il faut continuer à faire cet effort de description au physique, comme l’a fait Cécilia Arbona. La tenue de quelqu’un est un élément d’information qui, pour l’auditeur, vient aider à la compréhension d’un fait d’actualité.

Lorsqu’une auditrice écrit : "veuillez faire des efforts de neutralité et d’équité", pensez-vous que l’on bascule dans un politiquement correct qui va peu à peu assécher la vision que l’on donne du monde ?

Si on doit gommer ces éléments de précision, comme une description physique dans un papier de radio, (tous les détails comptent car on n’a pas le support de l’image) on donnera une photo de plus en plus floue des faits d’actualité que nous devons relater.

Si cette description aide à comprendre les choses, si la réponse est oui, alors il faut se garder du politiquement correct qui nous empêche de remplir correctement notre mission : "informer le plus précisément possible". conclut le directeur de la rédaction de franceinfo.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.