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Le rendez-vous de la médiatrice. "Occurrence" et le comptage des manifestants

Emmanuelle Daviet, la médiatrice des antennes de Radio France, reçoit Lucas Menget, directeur adjoint de la rédaction de franceinfo, pour évoquer le travail du cabinet "Occurrence", spécialisé dans le comptage de manifestants.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Pour la première fois, à l'appel de l'ensemble des syndicats, entre 615.000 (selon l'Intérieur) et 1,8 million (selon la CGT) de personnes manifestent le 17 décembre dans toute la France pour la troisième journée de mobilisation interprofessionnelle. La CFDT a rejoint le mouvement suite à l'annonce de l'âge pivot. (JULIETTE PAVY / HANS LUCAS)

Entre 615 000 à 1,8 million de manifestants ont défilé ce mardi 17 décembre en France pour la nouvelle journée d'action contre la réforme des retraites.

Le ministère de l’Intérieur a dénombré plus de 600 000 manifestants sur l'ensemble du pays. La CGT a, elle, comptabilisé 1,8 million de personnes.  Les auditeurs s’interrogent face à de tels écarts. La médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet reçoit le directeur adjoint de la rédaction, Lucas Menget. 

Afin que les journalistes puissent présenter des chiffres au plus près de la réalité, la société Occurence, spécialisée dans le comptage de la foule, est mandatée, depuis trois ans par plusieurs médias pour établir un chiffrage. 

Pallier le décalage entre les chiffres 

Emmanuelle Daviet : Le recours à Occurrence est-il une garantie de fiabilité pour les auditeurs, quant aux chiffres des manifestations donnés à
l’antenne ?

Lucas Menget : On souffre d'un décalage entre les chiffres donnés par les manifestants et les chiffres donnés par les autorités. On sait que les deux côtés ont intérêt, les uns, à grossir les chiffres, les autres, à les minimiser. Est donc venue cette idée proposée par Thomas Legrand de France Inter et Jean-Luc Bardet, de l'AFP, de faire appel à Occurrence.

Plusieurs médias s'y sont alors associés et ont mandaté ce cabinet qui dispose de techniques de comptage testées et approuvées, pour compter les manifestants. Il y a des moments où cela est plus compliqué, lorsque, par exemple cette semaine, lorsque les manifestants redescendaient dans les deux sens le boulevard Magenta. Ce jour-là, nous n'avons donc pas donné les chiffres d'Occurence. La plupart du temps, on les donne, quand on est sûr que le comptage a été fait correctement.

Un cabinet mandaté par un ensemble de médias

Franck demande : "Pourquoi le comptage des manifestants par Occurrence est-il tant en décalage avec les chiffres donnés par ailleurs y compris la Préfecture ?"

Lucas Menget : Parce que les méthodes de chiffrage ne sont pas les mêmes. La Préfecture compte les manifestants le long du parcours, parfois même à la main. Le comptage d'Occurence est lui différent : ce sont des capteurs, avec des filins laser qui permettent de mesurer, calculer, le nombre de gens qui passent, à un point donné. Le choix de ce point est très important, il est fait quelques jours avant la manifestation et on essaie de le placer à l'endroit où il y aura le plus de monde et à un espace assez large pour qu'il n'y ait pas de dispersion.

C'est donc normal que les chiffres soient différents, car ce ne sont pas les mêmes méthodes. Tout le spectre des médias français y est associé, de Médiapart à BFMTV, en passant par Le Monde et Le Figaro, et nous avons décidé de faire confiance à Occurence. Après plusieurs tests, nous avons considéré que c'était le chiffrage le plus indépendant.

Un comptage qui concerne pour l'instant les manifestations à Paris

On termine par la remarque de Jean : "Cela fait des années que les médias ont démontré que les chiffres de la CGT sont très gonflés. Notamment à Marseille, où c'est un facteur 5 à 10 qui sépare la réalité des chiffres de la Canebière… Alors pourquoi les mettre sur le même plan que les chiffres de la préfecture ? C’est de l’infox, c’est non déontologique. C'est très choquant de la part du service "public". 

Emmanuelle Daviet : Que lui répondez-vous ?

Lucas Menget : Pour l'instant, les comptages sont nationaux. Mais c'est une très bonne idée, pourquoi ne pas le faire à Marseille, et dans d'autres villes de France. Mais cela a un coût.

Pourquoi ne réalise-t-on pas de comptage par drones ?

Lucas Menget : C'est interdit de faire survoler la capitale par des drones. Donc nous ne pouvons pas le faire.

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