Cet article date de plus de trois ans.

Le rendez-vous de la médiatrice. Le vaccin pour les jeunes de moins de 18 ans

La vaccination contre le Covid-19 avec le vaccin Pfizer est désormais ouverte aux jeunes de 12 à 17 ans, depuis le mardi 15 juin. Les auditeurs et internautes ont écrit à la médiatrice de Radio France à ce sujet.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Saumur, le 16 juin 2021. Premier jour d'élargissement aux jeunes de 12 à 17 ans de la vaccination contre le Covid-19. Injection dans le bras d'un jeune adolescent du vaccin Pfizer par une infirmière, dans un centre de vaccination.  (FREDERIC PETRY / HANS LUCAS / AFP)

La vaccination contre le coronavirus des adolescents de 12 à 17 ans, avec le vaccin Pfizer, est désormais ouverte depuis le mardi 15 juin. Ils doivent être accompagnés d'un parent, mais comme pour les adultes, la décision est la leur, et leur consentement oral doit être recueilli par le médecin. Pour en parler au micro d’Emmanuelle Daviet, la médiatrice des antennes de Radio France, qui a reçu de nombreux messages des auditeurs, Solenne Le Hen, journaliste santé à franceinfo.

Emmanuelle Daviet : "À propos de la vaccination des mineurs, je viens d’entendre avec stupeur vos invités affirmer : 'Ce n’est pas parce qu’on est vacciné qu’on est protégé'. Si l’on affirme ainsi que de se faire vacciner ne protège pas, c’est le meilleur moyen de dissuader les gens d’y aller se faire vacciner. J’avoue avoir beaucoup de mal à comprendre."

Quel éclairage peut-on apporter à cet auditeur ?

Solenne Le Hen : D’abord, je voudrais dire que moi, journaliste santé, je ne suis pas là pour faire du militantisme, pour dire aux auditeurs qu’il faut aller se faire vacciner. On est là pour donner des clés, expliquer ce que l’on sait ou ce que l’on ne sait pas sur ces vaccins. Et là, pour le coup, je suis au regret de dire à cet auditeur que ce qu’ont dit ces invités, c’est juste. Il n’y a pas de risque zéro. Aucun vaccin contre le Covid ne protège à 100% d’une contamination, ni même à 100% de développer une forme grave du Covid.

Et pourtant, il faut le noter, on dit aussi sur nos antennes que ces vaccins sont très performants, donc ils protègent fortement contre le Covid. Mais c’est juste de dire que la vaccination contre le Covid n’offre pas une protection complète à 100%. Et il faut pour cela, en tout cas, c’est ce que nous disent les scientifiques, il faut conserver les gestes barrières au cas où, donc le masque, même quand on est vacciné, ça aussi, on le dit sur nos antennes.

Donc, cet auditeur nous reproche de dissuader, de désinciter les Français à se faire vacciner. Je crois qu’on se doit d’être juste dans l’information qu’on apporte. Inversement, si on disait que la vaccination protège à 100%, les auditeurs nous reprocheraient de tronquer l’information, voire carrément de mentir.

Alors, précisément, une autre question toujours sur le vaccin :

"Serait il possible de délivrer une information objective sur l’intérêt de la vaccination pour les moins de 18 ans ? Prétendre qu’un vaccin testé sur seulement 2 200 jeunes est efficace à 100%, alors que la probabilité de développer une forme grave est seulement de 30 sur un million ne tient pas la route au niveau statistique. Pour qu’il y ait une probabilité suffisante d’avoir au moins un enfant qui développe une forme grave, il aurait fallu un échantillon d’au moins 30 000 jeunes."

Ce type de remarque vous paraît-elle fondée ?

En effet, ça a été relevé par les scientifiques. L’échantillon qu’a pris pour Pfizer, le laboratoire : 2 260 adolescents, précisément dans son essai clinique, cet échantillon est limité, néanmoins, et c’est ce que je me souviens avoir dit à l’antenne il y a quelques jours, il faut ajouter que depuis cet essai clinique, aux États-Unis, plusieurs millions d’adolescents ont été vaccinés avec ce produit, Pfizer BioNtech, et c’est ça qui est inédit dans cette pandémie. C’est que les essais cliniques en bonne et due forme jouent finalement un rôle seulement de déclencheur dans la prise de décision des pays de vacciner ou pas.

En fait, tout le monde observe de près les premiers pays qui administrent les vaccins, et c’est ça qu’on regarde. C’est l’observation de la pharmacovigilance qui se fait en vie réelle. Et quand la vaccination des adolescents a débuté cette semaine en France, il y avait déjà près de 4 millions d’adolescents américains, israéliens, qui étaient déjà vaccinés sans effets indésirables graves rapportés. Et c’est cette information qu’on donne aussi, en plus de l’essai clinique.

On explique aussi qu’en Israël, il y a eu des cas d’inflammation du muscle du cœur qui ont été relevés, des myocardites chez des adolescents, des symptômes assez passagers qui ne sont pas très inquiétants, disent les autorités de santé. Donc, pour vous répondre, oui effectivement, tester le vaccin sur 2 200 adolescents, c’est peu. Mais nous l’avons dit aussi à l’antenne, plus de 4 millions d’adolescents, par ailleurs, étaient en vie réelle, déjà vaccinés. Et c’est surtout cela maintenant que les médecins observent : les remontées de pharmacovigilance, d’effets secondaires chez ces adolescents.

Pour que les auditeurs puissent se faire un point de vue sur la vaccination des plus jeunes, comment choisissez-vous éditorialement de traiter cette information ?

Alors ce n'est pas évident quand on est journaliste santé. Parler vaccination, on marche sur des œufs ; parler santé des enfants, des adolescents, on marche sur des œufs. Alors, parler de vaccination des adolescents, c’est quand même très compliqué. Je pèse tous mes mots vraiment à l’antenne. Moi, ce que je cherche à faire en parlant de la vaccination des adolescents, c’est de donner un maximum d’informations. Qu’en disent les autorités de santé ? L’Agence européenne du médicament et la Haute autorité de santé ?

Bien expliquer aussi, c’est ce que j’ai beaucoup fait à l’antenne, le bénéfice de la vaccination des adolescents, c’est-à-dire, c’est ça qui est important à expliquer, ce bénéfice, il n'est pas tellement individuel, il est plutôt collectif. Pourquoi pas individuel ? Parce que les adolescents font, et c’est ce que disait l’auditeur précédent, ils font très peu de formes graves du Covid. Les PIMS, les syndromes multisystémiques pédiatriques, il y en a eu très, très peu. Donc, peu de cas graves.

Mais il faut mettre ça en regard du bénéfice collectif, à savoir la vaccination des adolescents, ça permet peut-être d’atteindre une immunité collective. Et puis aussi, peut-être de façon plus terre à terre, ça permet de moins contaminer ses parents, ses grands-parents. Ça évite aussi sans doute à l’avenir, des fermetures de classes pour cause de contamination.

Et puis, c’est important aussi quand on les écoute, pour beaucoup d’adolescents, la vaccination, ça va permettre d’obtenir le pass sanitaire qui va permettre de voyager, d’assister à des festivals. Donc évidemment, on ne peut pas être exhaustif à l’antenne, mais sur franceinfo, on a des formats qui permettent de prendre plusieurs minutes plusieurs fois par jour pour expliquer tous les avantages, les bénéfices, les inconvénients, etc. Donner un maximum de clés de compréhension. Et puis ensuite, c’est à l’auditeur, tout simplement de se forger une opinion.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.