Le rendez-vous de la médiatrice. Le traitement éditorial de l’information scientifique sur l'antenne de franceinfo
Pour évoquer l'info scientifique sur franceinfo et les nouveaux débats suscités par une crise sanitaire inédite, Emmanuelle Daviet, la médiatrice des antennes de Radio France, reçoit Olivier Emond, chef du nouveau service environnement et technologie de franceinfo.
Depuis le début de la crise sanitaire, le courrier des auditeurs est largement dominé par des questions liées au traitement éditorial du coronavirus. Le caractère hors-norme de cette pandémie impose de nouvelles réflexions, voire de nouveaux réflexes journalistiques. Cela a même une influence sur l’organisation des rédactions.
Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes de Radio France : À franceinfo par exemple, vous créez, en cette rentrée, un pôle "sciences, santé, environnement, technologies", c’est vous qui dirigez ce pôle.
Quelle est sa mission ?
Olivier Emond : chef du nouveau service environnement et technologies de franceinfo. Son rôle est de répondre à toutes ces questions, notamment sur les questions de santé, pour expliquer . Il y a six journalistes dans ce pôle, dont des journalistes qui s’occupaient déjà de ces questions d’environnement, de technologies, de santé. Il y avait déjà une personne sur la santé, Solenne Le Hen qui s’occupait de ces sujets, et toute seule.
On l’a vu avec ce qui nous est tombé sur la tête au printemps, c’était bien compliqué de pouvoir assurer, aussi bien l’antenne, parce que franceinfo est une antenne de flux - il faut être souvent présent à l’antenne - et puis de travailler aussi sur le terrain, d’aller rencontrer des spécialistes, bref, de faire son travail de journaliste, reporter. Donc, il fallait apporter du soutien à Solenne, donc c’est Anne-Laure Dagnet qui l’a rejoint sur ces questions. Puis la partie environnement avec Anne-Laure Barral et Etienne Monin. Pour les questions de technologies, Jérôme Colombain qu’on ne présente plus. Et moi qui suis là pour essayer d’aider tout le monde, un facilitateur pour organiser tout ça.
Emmanuelle Daviet : Comment médiatisez-vous la parole scientifique ? C’est une question des auditeurs : est-ce que tous les points de vue médicaux, les différentes voix scientifiques sont entendues sur votre antenne ?
Olivier Emond : Il me semble que oui. On entend aussi bien des médecins de ville, si on reste sur la question médicale du Covid-19, qui nous prend beaucoup de temps et de place à l’antenne. On entend sur notre antenne, aussi bien des médecins de ville que des pharmaciens, des chercheurs, des épidémiologistes, des virologues.
On essaie d’interroger la bonne personne, sur le bon sujet. Un virologue ce n’est pas un épidémiologiste, un médecin de ville n’est pas épidémiologiste. Donc on essaie de parler du bon problème à la bonne personne. Ce n’est pas toujours évident, car c’est un domaine où il y a des choses qui peuvent se croiser, et il y a des choses intéressantes qui peuvent être dites aussi par les uns et les autres. Cela veut dire qu’il faut beaucoup contextualiser : qui parle, comment il parle, d’où il parle et pourquoi il parle ? Cela ne veut pas dire qu’un médecin ne peut pas parler du problème du vaccin, mais il ne va pas en parler de la même manière, il ne va pas parler de l’aspect fabrication du vaccin. En revanche il peut parler de l’aspect, comment les gens viennent en parler dans son cabinet.
Mais globalement tous les points de vue s’entendent sur franceinfo. Donc ces points de vue contradictoires seront livrés aux auditeurs.
Des auditeurs s’interrogent sur les chiffres du coronavirus qui sont donnés à l’antenne. Certains n’entendent que le chiffre des testés positifs au Covid, pour eux cela ne reflète la réalité. Quelles sont les consignes données à la rédaction ?
Les mêmes consignes que pour n’importe quel sujet que l’on traite à la rédaction. C’est-à-dire qu’à partir de données, de faits, de se dire que comment je le rends intelligible pour l’auditeur et le grand public. On a par exemple des données brutes, des données sur le nombre de cas positifs testés chaque jour, ce chiffre en lui-même ne veut pas dire grand chose. Pourquoi ? Parce qu’il peut y avoir eu plus de tests, donc on essaie de trouver des données qui veulent vraiment dire quelque chose.
Par exemple : le taux d’incidence, le nombre de cas positifs rapportés à une population donnée, qui là, quand il évolue, cela veut dire que le virus circule davantage. L’idée comme toujours c’est de recontextualiser les choses : est-ce que c’est significatif ? Est-ce que la donnée brute ne perd pas les gens plus qu’autre chose ? Bref, il faut faire attention et faire notre travail de journaliste au quotidien.
Pour aller plus loin, franceinfo et Olivier Emond proposent une série de podcasts : Ils vont décrocher la lune.
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