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Le rendez-vous de la médiatrice. Gilets jaunes : "Une couverture médiatique d’une ampleur extravagante" ?

Beaucoup de mails cette semaine, au sujet des gilets jaunes.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des "gilets jaunes" bloquent une route à Caen, le 18 novembre 2018. (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

Le sujet des gilets jaunes a largement occupé franceinfo depuis le 17 novembre date de leur première mobilisation. Principal reproche des auditeurs et internautes : une couverture médiatique d’une ampleur démesurée. Pour en parler, la médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet, reçoit Erik Kervellec, directeur de la rédaction de franceinfo.

Les médias cherchent à faire le buzz ?

Un auditeur Guy écrit : "Ne pensez-vous pas que les médias et en particulier franceinfo ne jouent pas le rôle d'incendiaire "pyromane" sur les actions gilets jaunes ? Vous êtes-vous posé la question à savoir, est-ce que ce mouvement démarré sur les réseaux sociaux, non initié par les syndicats, aurait perduré sans le porte-voix des médias ? Je peux comprendre que ce type d'événement est une aubaine pour les médias qui ont besoin de "meubler" l'antenne en privilégiant le sensationnel, le buzz, mais attention aux conséquences et rappelez-vous les sondages sur la perception des médias."

Éric Kervellec : 300 000 personnes qui bloquent les routes en France ce n'est pas anodin. Ce n'est pas du sensationnel, c'est inédit. L'actualité est suffisamment riche pour qu'on n'ait pas besoin d'aller chercher des choses pour meubler l'antenne. C'est sans doute la première confrontation directe entre le pouvoir et une contestation sociale très forte : ça mérite largement d'être traité sur nos antennes.

Quid de la minorité silencieuse ?

Beaucoup de Français se sentent oubliés sur l’antenne, comme Irène : "Les gilets jaunes dans vos émissions et commentaires depuis plus d'une semaine déjà !!! Ça prend une importance inouïe. Il n'y a pas beaucoup de place laissée à la majorité silencieuse qui pense qu'il y a une question de manipulation par une opposition systématique."

Éric Kervellec : Il est difficile de calibrer la minorité et la majorité dans cette affaire : toutes les enquêtes d'opinions montrent que les Français soutiennent majoritairement ce mouvement. Au début, les gens qui ne sont pas dedans ne s'expriment pas, ce sont surtout ceux qui sont dans la rue. On parle de la minorité en donnant la parole à ceux qui veulent s'exprimer et en éclairant le débat, en faisant de la pédagogie.

Trop de complaisance

Pierre de son côté estime que : "Les journalistes ont montré beaucoup de bienveillance à l’égard des gilets jaunes, donnant à l'antenne les lieux et heures de rendez-vous pour certains blocages, comme s'ils étaient eux-mêmes des militants ! Souvent, ils semblent attiser les conflits ou les polémiques, comme pour créer du buzz."


Autre remarque : "J’écoute en ce moment franceinfo, le journaliste a appelé à la prudence en demandant aux auditeurs de ne pas monter sur les ronds-points. Il a ajouté qu’il fallait que tout se passe calmement." Ce genre de propos relève-t-il du journalisme ?

Éric Kervellec : Donner les lieux de blocage, c'est de l'info service. On a ici un PC mobilité avec des journalistes qui ont la tâche d'éclairer nos concitoyens sur les conditions de circulation au quotidien et en particulier dans un moment de crise majeure. Appeler à la prudence, c'est du bon sens.

Une femme est décédée samedi dernier après avoir été renversée par une automobiliste qui a tenté de forcer le barrage, un auditeur demande : "Pourquoi vous dites "un mort" alors que vous savez que c’est une femme. Le féminin existe."

Éric Kervellec : On devrait dire "une morte" ? Je trouve que c'est quelque part une forme d'irrespect de dire les choses comme ça. Je ne suis pas sûr que dans le débat très important de la féminisation, il faille aller jusque là.

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