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Le rendez-vous de la médiatrice. Le traitement médiatique de l'affaire Yuriy

On évoque aujourd'hui le traitement médiatique de l'affaire Yuriy, l'agression très violente qui s'est déroulée le 15 janvier sur la dalle Beaugrenelle dans le 15e à Paris. Les internautes et auditeurs ont écrit à la médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet. 

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La photo de Yuriy diffusée dans le cadre de l'appel à témoignages concernant son agression, le 28 janvier 2021 à Paris. (THOMAS COEX / AFP)

Nous parlons aujourd’hui du traitement médiatique de l’affaire Yuriy, dont on parle beaucoup depuis plus d’une semaine : l’agression de ce jeune homme dans Paris le 15 janvier dernier, dans le 15e arrondissement, par plusieurs hommes. Et des images de vidéosurveillance qui ont fait beaucoup parler, qui ont beaucoup ému. Comment décide-t-on de traiter cette information ? Quelle importance lui donner ? Les auditeurs ont écrit à la médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet, à ce sujet. 

Matthieu Mondoloni, directeur adjoint de la rédaction de franceinfo et Delphine Gotchaux, cheffe du service police justice de franceinfo répondent aux auditeurs.

Emmanuelle Daviet : On commence avec cette question d’un auditeur : "Pourquoi le traitement de l’agression de Yuriy n’est-il pas identique à celui de l’agression de Michel Zecler ?"

Matthieu Mondoloni : En fait, chaque fait divers a sa singularité, et nous avons une approche qui est différente en fonction de ce fait divers et de l’importance qui lui est donnée. Par exemple, pour l’affaire Michel Zecler, c’est une histoire de violence policière qui venait en résonance avec plein d’autres histoires de violences policières. Donc, nous avons décidé de beaucoup la traiter. Il y avait aussi beaucoup d’émoi et beaucoup de politiques qui ont réagi, y compris au sein du gouvernement.

Pour l’affaire Yuriy, c’est une affaire qui a émergé doucement, 10 jours après. On a d’abord dû comprendre ce qui se passait, précisément, pour essayer de savoir ce qui s’était passé sur le terrain. Encore maintenant, il y a de nombreuses zones d’ombre et donc, petit à petit, on a décidé là aussi de donner plus d’importance à ça, notamment après l’appel à témoins lancé par la maman du jeune Yuriy. Et il nous fallait également le temps d’enquêter pour pouvoir découvrir la vérité et s’en approcher davantage encore.

Sur quels critères évaluez-vous la couverture éditoriale, l’importance à accorder à un fait divers sur l’antenne ?

Matthieu Mondoloni : Il y a plusieurs choses. Je le redis effectivement, cette singularité est importante, c’est-à-dire des faits divers, il y en a tous les jours. Certains méritent notre attention en tant que chaîne d’information, tout info, nationale. D’autres moins, évidemment, on n’est pas une chaîne qui ne fait que du fait divers, on n’est pas un magazine à sensation. Donc on choisit de s’intéresser à quelque chose quand ça a une importance et quand il y a également beaucoup de réactions. Ça peut être des réactions de nos auditeurs qui s’intéressent à ce fait divers. Cela peut être également des réactions politiques qui vont faire que tout d’un coup, ça va devenir un débat de société qui dépasse le fait divers. Et là, effectivement, on est dans notre rôle et on doit s’y intéresser.

Emmanuelle Daviet : Delphine Gotchaux, vous êtes cheffe du service police justice de franceinfo. Comment votre service travaille sur un tel fait divers et plus largement sur les faits divers en général ?


Delphine Gotchaux : En général, on a toujours un peu le même procédé. Évidemment, on voit le fait divers apparaître. On cherche à vérifier ce qui s’est passé avec nos sources. À voir au-delà de ce qu’on peut lire sur les réseaux sociaux et évidemment, notre propre information vérifiée, authentifiée, certifiée avec nos différentes sources, et puis en fonction, comme le disait Matthieu, de l’écho que cela peut susciter. Par exemple, dans le cadre de Yuriy, c’est vrai que c’est monté assez progressivement, beaucoup en tout cas, grâce à sa maman qui s’est énormément mobilisée sur les réseaux sociaux.

Et ça a été relayé il y a une semaine par Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, sur Twitter, qui s’est ému de cette agression. Et effectivement, à partir de là, ça prend une place plus importante sur l’antenne. Mais on conserve comme toujours nos fondamentaux : on regarde ce qui s’est passé avec nos différentes sources pour essayer d’approcher au plus près de ce que l’on sait à un instant T de l’enquête.

Alors, vous citez à plusieurs reprises le mot "source". Vos sources, quelles sont elles ?

Ça peut être des sources institutionnelles comme le Parquet, en l’occurrence le Parquet de Paris, qui est habilité à communiquer certains éléments de l’enquête tout en protégeant bien sûr le secret des investigations. Et puis, il y a également des sources policières : la Préfecture de police de Paris, par exemple, puisque ça s’est passé dans le 15e arrondissement.

Ça peut être des sources policières, syndicales. Mais dans ce cas-là, on conforte ces informations également avec d’autres sources, plus institutionnelles. Et puis, ça peut être le maire du 15e arrondissement qui a été invité sur notre antenne et qui vient donner des éléments que nous n’avions peut-être pas jusque-là, et que nous allons ensuite corroborer avec le procureur ou la Préfecture de police de Paris.

On entend bien la nécessité de recouper toutes ces sources. Mais à quel moment décidez-vous de donner une info à l’antenne ?

Delphine Gotchaux : Quand on est sûr de ce qu’on peut dire et de ce qu’on va dire, on ne reprend pas des informations de nos confrères. On estime que nous avons à faire, évidemment, notre propre travail de recoupement des sources. Et donc, quand on a, à un instant T, une photographie qui nous semble juste, qui est confortée par plusieurs sources, à ce moment là on peut donner cette information sur tous nos réseaux, à la radio, sur notre site Internet.

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