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La couverture éditoriale du festival de Cannes et du cinéma sur franceinfo

Le Festival de Cannes a débuté cette semaine et les auditeurs nous questionnent sur son traitement éditorial, ainsi que sur le cinéma en général, sur l'antenne de franceinfo. Matteu Maestracci, spécialiste cinéma, répond à la médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet.
Article rédigé par Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
17 mai 2023. Cannes. Séance photos du film "Jeanne du Barry" réalisé et interprété par Maïwenn avec Johnny Depp dans le rôle de Louis XV, long métrage présenté hors compétition pour ce 76e festival du film de Cannes. (SEBASTIEN BOTELLA / MAXPPP)

On commence avec une question sur le film qui a fait mardi 16 mai, l’ouverture du 76e Festival de Cannes, Jeanne du Barry, réalisé et interprété par Maïwenn avec Johnny Depp dans le rôle de Louis XV. Des auditeurs nous écrivent, car ils s’étonnent que le film de Maïwenn bénéficie d’une telle médiatisation. Voici un message : "Je ne comprends pas que vous parliez autant de Maïwenn après qu’elle ait agressé un journaliste, et qu’elle en rit sur un plateau de télévision, et son tournage avec Johnny Depp, au moment où la lutte des violences faites aux femmes prend une telle ampleur." 

Emmanuelle Daviet : Comprenez-vous ces réactions ? Et que répondez-vous aux auditeurs ?

Matteu Maestracci : Si je voulais être un peu ironique, je demanderais à cette personne si elle a bien écouté l’antenne de franceinfo, puisque c’est celle qui me concerne, le jour de l’ouverture du festival, puisqu’on a parlé effectivement dans la journée, à plusieurs reprises, et du film, et évidemment de la polémique. D’ailleurs, si je reprends cette question, en tout cas, les termes de cette question, "Pourquoi en parlez-vous, alors qu’elle a agressé le journaliste Edwy Plenel ?", mais justement, parce qu’elle a agressé le journaliste Edwy Plenel, et qu’une plainte est déposée, et que c’est rendu public, il faut qu’on en parle, parce que c’est un événement en soi.

C’est quelque chose qui n’est pas anodin. Le procès de Johnny Depp contre son ex-compagne, Amber Heard, était un événement d’actualité dont nous avons parlé. L’ouverture du Festival de Cannes, c’est un événement, et le fait évidemment, là, c’est la conjonction de deux actualités, le fait que le Festival de Cannes ouvre officiellement avec Jeanne du Barry, projeté hors compétition avec Maïwenn, film dans lequel joue Johnny Depp, avec tout ce que cela convoque de sulfureux, voire de contestable, de la part d’associations féministes notamment, mais pas seulement, avec une pensée pour les victimes de violences conjugales.

Tout cela fait qu’on ne pouvait évidemment pas ne pas parler du film, parce qu'à la fois, c’est un film, donc on en parle en tant qu'œuvre, comme objet culturel. On en parle parce que ça fait un événement, parce que ça ouvre le Festival de Cannes, et on en parle, parce que ça convoque aussi beaucoup d’autres choses, à la croisée d’autres actualités, comme celle des violences faites aux femmes. Donc, sur franceinfo, on a choisi de parler de tout. C’était peut-être trop, peut-être pas assez, mais en tout cas, on a rien occulté.

En tant que spécialiste cinéma, plus généralement, selon quels critères choisissez-vous de parler d’un film à l’antenne ? Parce qu’il mérite d’être vu, ou au contraire, parce qu’il vaut mieux l’éviter ?

Sur le Festival de Cannes avec mon confrère Thierry Fiorile, et sous l’autorité de la rédaction de franceinfo, on fonctionne finalement au Festival de Cannes, comme on fonctionne pendant l’année, c’est-à-dire qu’on regarde le programme en amont, on se dit : tiens, tel mercredi sortent 15 films. Il y en a cinq qui nous intéressent, on va les voir, et puis on va dire à l’antenne ce qu’on en a pensé. On va conseiller aux gens ce qu’on a aimé. On va aller interviewer les artistes, soit ceux qui réalisent, soit qui jouent dans les films qu’on a aimés. Et puis on va parfois parler aussi de ceux qu’on a moins aimés. Il peut arriver que des films soient très attendus. On va les voir.

Et si on ne les a pas aimés, ça a été le cas du dernier Astérix récemment, on le dit à l’antenne, on essaie toujours de faire ça de manière informative, de ne pas se faire plaisir ou d’assassiner des films gratuitement. Mais on préfère quand même donner, par définition, de la place à l’antenne, aux films qu’on a aimés.

Donc, dans le cadre du Festival de Cannes, on parle beaucoup des films en compétition parce que c’est la sélection la plus importante, et c’est celle qui finit sur un palmarès. Et on parle aussi des autres événements que sont Indiana Jones 5, le film de Martin Scorsese, et j’en passe, parce qu’effectivement, on sait que ça va faire l’événement. Et comme ça fait l’événement, on se dit qu’on doit en parler.

Vous citez des films grand public ; dans vos choix éditoriaux, y a-t-il justement un équilibre entre ces films grand public et des films plus indépendants ou d’auteurs ?

Alors, toute l’année, à franceinfo et au Festival de Cannes, encore une fois, on essaie d’avoir la même politique assez cohérente. Quand un nouvel Astérix sort, quand Les Trois Mousquetaires sortent au cinéma, ce sont des événements, parce que ce sont des films qui sont attendus. Ce sont des films dont on va parler, ce sont des films à gros budget avec des acteurs connus. Donc, il y a aussi un phénomène populaire et culturel. Donc ces films-là, on va les évoquer. On va d’ailleurs davantage les évoquer lors de la sortie en salles, le mercredi.

Et puis on a une chronique avec Thierry Fiorile le samedi sur franceinfo, Les experts cinéma, où on a un peu de temps pour parler des sorties de la semaine. Et là, on va essayer de mélanger les choses grand public, les films américains et les films européens, les films français et les films internationaux d’autres régions. On essaye vraiment de panacher. Mais notre philosophie, c’est quand même d’essayer de mettre en avant des films qui ne bénéficient pas, par ailleurs, d’une énorme campagne de promotion. Parce qu’on se dit que si on les a aimés, ils ont besoin aussi qu’on les mette en avant.

Les auditeurs entendent parfois sur l’antenne, "c’est un film franceinfo". Certains souhaiteraient savoir comment un film ou un documentaire d’ailleurs, devient un film franceinfo ?

Alors il faut savoir que nous, journalistes cinéma, la plupart du temps, et c’est le cas à franceinfo, on voit des œuvres en amont, pour pouvoir justement mieux les préparer, et mieux en parler au moment de la sortie, avec des interviews ou pas, qui enrichissent ce propos.

Les films, on essaye de les voir parfois un mois, parfois deux mois avant. Et parfois, les distributeurs des films et les compagnies de distribution cherchent des partenariats dans les médias. Donc, ils montrent certains de leurs films qu’ils jugent conformes à cette démarche à certains médias, ils vont les montrer à nous évidemment, mais aussi à France Inter aussi, à des médias privés également, en disant : est-ce que ça peut vous intéresser ?

Et nous, on a une politique sur franceinfo, c’est que nous sommes partenaires de films qui parlent d’actualité. C’est notre cœur de métier, donc actualité sociale, actualité par exemple des migrants ou autre, ou qui portent sur un fait historique majeur, comme par exemple la guerre d’Algérie, pour citer des films documentaires récents. On les voit en amont. Une personne à franceinfo, qui travaille typiquement sur les partenariats, les voit aussi. Nous échangeons ensemble.

Et si un film nous plaît, on essaye, suffisamment en amont, de dire oui, on veut être partenaire et donc à l’arrivée, on sera partenaire du film. Ça n’implique aucun échange financier, je tiens à le préciser, mais on va parler d’un film, et en retour, l’équipe du film va nous donner le réalisateur ou l’acteur principal du film, pour en parler en invité, dans la matinale, ou dans la journée sur franceinfo. C’est un échange de bons et loyaux services, un échange de bons procédés.

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