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Comment alerter la Cellule investigation de Radio France

Le rendez-vous de la médiatrice est aujourd'hui consacré au lancement d’un site par la Cellule investigation de Radio France afin que les auditeurs puissent alerter les journalistes pour réaliser d’éventuelles enquêtes. 

Article rédigé par Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Radio France lance vendredi 9 décembre 2022, une plateforme permettant à ses auditeurs et ses internautes de transmettre des informations de manière anonyme et sécurisée. (Xavier Meunier / FRANCEINFO)

Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes de Radio France, évoque aujourd'hui avec Jacques Monin, directeur des enquêtes et de l'investigation, une nouvelle plateforme sécurisée pour que les auditeurs et internautes puissent alerter la Cellule investigation de Radio France.

Emmanuelle Daviet : Régulièrement, des auditeurs m’écrivent pour dénoncer une situation critique dans une entreprise ou un établissement afin que des journalistes enquêtent et alertent le grand public. Ces messages sont relayés auprès de la direction de franceinfo ou auprès de la Cellule investigation de Radio France, qui juge s’il faut ou non donner une suite.

Il existe désormais un autre moyen pour lancer une alerte ou proposer une enquête aux journalistes. La Cellule investigation de Radio France ouvre en effet un site qui permet aux auditeurs et aux citoyens d’adresser de manière sécurisée des informations et des documents, afin que des journalistes enquêtent s’ils le jugent opportun.

Jacques Monin, pour quelles raisons lancez-vous ce site ?

Jacques Monin : On a essayé de réhabiliter quelque chose qui existait déjà dans un ancien monde qu’on appelait le téléphone. Il y avait des lignes directes entre certaines rédactions et leurs auditeurs, ce qui permettait aux auditeurs de transmettre des informations. C’est un peu la version modernisée de cela qu’on est en train de mettre en place.

Puis on s’est dit aussi, d’une part, que des gens observent des choses là où ils travaillent, où ils vivent, dans l’environnement dans lequel ils évoluent, et que parfois ils observent des choses qui posent problème, qui mériteraient peut-être qu’on vienne voir d’un peu plus près. Ils n’ont pas forcément l’occasion de le révéler. Donc ça, c’est une possibilité qu’on leur donne justement de nous alerter là dessus.

Et puis, troisième élément, il est important que dans un monde où l’information a tendance à s’uniformiser, nous puissions aussi marquer notre différence. Et nous puissions aussi, de temps en temps, montrer à nos auditeurs : voilà nous ce qu’on vous révèle, ce qu’on vous apprend. Ce sont nos auditeurs qui nous ont informés de ce qui se passait, et c’est grâce à eux que nous sommes en mesure de vous donner une information qui se différencie de celle que vous pouvez écouter chez la concurrence.

Plus précisément, qui peut vous écrire ?

Tout le monde, tous ceux qui nous écoutent, ou qui liront les articles que nous publions régulièrement sur franceinfo.fr peuvent nous alerter. Alors pour ça, c’est très simple, il y a une adresse qui s’appelle alerter.radiofrance.fr. Et puis, à la fin de tous les articles que nous publierons à partir de ce samedi 10 décembre sur le site de franceinfo.fr, nous mettrons l’URL, c’est-à-dire une barre d’adresse qui permet, en cliquant dessus, d’accéder à la plateforme qui vous permet ensuite de communiquer avec nous ou de nous transmettre tout document que vous jugez utile.


Justement, quel type de document peut on vous adresser ? Sonore, vidéo ?

Alors ça peut être des photos, des vidéos, ça peut être des tableurs Excel. Ça peut être n’importe quoi, sachant que tout ce que vous nous transmettrez, sera crypté. Ça veut dire que personne d’autre que nous n’y aura accès. Et c’est aussi l’intérêt de cette nouvelle plateforme, c’est qu’elle est anonyme et sécurisée.

Donc toute personne qui voudrait lancer une alerte et qui craindrait par exemple dans son entreprise de risquer des représailles si jamais elle pouvait être identifiée, pourra le faire, sans qu’elle soit identifiée, puisque d’une part, toute sa communication sera cryptée, et d’autre part, même nous, nous ne la connaîtrons pas, si elle ne souhaite pas donner son nom, puisqu’elle apparaîtra sous la forme d’un numéro. Et c’est ensuite, grâce à ce numéro, que nous pourrons établir éventuellement, si la personne le souhaite, une communication.

Donc ça, c’est une garantie maximale de confidentialité que vous donnez à vos interlocuteurs ?

Oui, il y a une deuxième garantie qui est que pour cela, on a recours à un partenaire qui nous fournit cette plateforme. Et c’est un partenaire qui a des références. C’est une ONG qui s’appelle GlobalLeaks. GlobalLeaks a travaillé avec des institutions assez prestigieuses, comme nos confrères du Monde par exemple. C’est le système qu’ils utilisent déjà pour communiquer avec leurs lecteurs.

Mais GlobalLeaks a travaillé aussi, par exemple, avec la Cour pénale internationale pour fournir justement une plateforme sécurisée qui permettait à un certain nombre de témoins de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre, de témoigner sans avoir peur justement de faire l’objet de représailles. Donc, GlobalLeaks c’est une ONG qui a toujours été sensibilisée à la question à la fois de la presse mais aussi de la protection des lanceurs d’alerte, et donc qui est vraiment à la pointe de ce type de système.

Je le disais en préambule, des auditeurs écrivent au service de la médiation pour alerter sur une situation qu’ils jugent critique. Il n’y a pas forcément de suite donnée à ce type d’alerte.

Alors, sur quels critères retiendrez-vous une information et lancerez vous une enquête journalistique ?

Il faut que l’information soit d’intérêt public, première chose. Il faut qu’il y ait quand même un caractère systémique, c’est-à-dire que beaucoup de gens parfois nous écrivent parce qu’ils pensent qu’on va résoudre leur situation personnelle, parce qu’ils ont eux mêmes un litige avec une administration ou autre. On n’est pas là pour ça. Malheureusement, il y a des associations, il y a d’autres instances qui peuvent les accompagner.

Nous, il faut vraiment que ce soit d’intérêt public. Si c’est le cas, après, on juge aussi de la nature de l’information. Est-ce qu’elle justifie une enquête, un travail de longue haleine pour aller creuser ? Ou est-ce que c’est une information qui peut être révélée de manière assez rapide par des services qui sont là pour ça. Il y a des services police justice à franceinfo, il y a un service reportage, auquel cas on jugera de l’opportunité de la traiter nous à la Cellule investigation, ou bien de la transférer à nos confrères de franceinfo qui pourraient la publier plus rapidement.

>>> alerter.radiofrance.fr

>>> REPLAY - Les lanceurs d’alerte servent-ils la démocratie ? Le débat du Talk franceinfo

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