Villeneuve-sur-Lot : "le séisme à gauche, c'est à cause de Cahuzac"
C'est une gifle pour le camp socialiste. Pourtant, l'année
dernière, cette troisième circonscription était encore un fief socialiste, une
forteresse imprenable. Au second tour des législatives, Jérôme Cahuzac avait
écrasé son adversaire UMP, avec plus de 60% des suffrages. Mais entre juin 2012
et juin 2013, il y a eu les affaires, le compte à l'étranger, la mise en examen
pour blanchiment de fraude fiscale. Alors, hier soir, à l'annonce de la défaite
du candidat socialiste, il y a eu des cris de colère chez les électeurs de
gauche.
"Cahuzac était quelqu'un d'apprécié. Il a fait des
bonnes choses pour la ville. Et là, il ment au peuple, il ment à l'Assemblée
nationale... il récolte ce qu'il a semé. Le séisme, c'est à cause de lui"
(Gérard, militant PS)
Et effectivement, comme pour sanctionner le comportement de
Jérôme Cahuzac, de nombreux électeurs qui votent traditionnellement à gauche ne
se sont pas déplacés hier. La mobilisation a été très faible, 46% seulement (c'est
11 points de moins que l'année dernière).
L'ombre de Cahuzac sur cette élection
L'ancien ministre du Budget a longuement hésité avant
d'annoncer, mi-mai, qu'il ne se présenterait pas. Ce suspense et cette
indécision ont troublé la campagne socialiste regrette Mathias Fekl, le premier
secrétaire du PS dans le département : "Le début de campagne a été complètement
parasité par ses apparitions au marché, ses hésitations sur sa démission et sa
candidature. On n'a pas pu faire de campagne sur le fond ".
D'autres, plus virulents encore, dénoncent la capacité de
nuisance de Jérôme Cahuzac qui aurait parfois joué contre son camp. "Il a
envoyé des textos à tellement de gens pour dire que la campagne de Barral (le
candidat PS) était très mal organisée. En réalité, il ne supportait pas son
éviction. Il ne supportait qu'on lui dise de rester chez lui ", affirme
Michel Gonelle, ancien maire UMP de Villeneuve-sur-Lot, battu en 2001 par
Jérôme Cahuzac.
Cahuzac... mais pas seulement
Au-delà de l'effet Cahuzac, Bernard Barral, le candidat PS malheureux,
pointe également une campagne trop courte. Il dénonce les divisions à gauche et
regrette l'absence de candidature commune PS/Verts.
Après l'annonce des
résultats, la secrétaire de section du PS à Villeneuve, Barbara Bellanger,
était elle sonnée. Pour elle, les militants socialistes ne se sont pas assez mobilisés.
"On n'a pas été présents. Certains sont restés proches de Jérôme et ne
voulaient pas en démordre. Quand on est socialiste, on se doit d'être derrière
notre candidat."
Finalement, il n'y a pas beaucoup de monde pour défendre
Jérôme Cahuzac... sauf Jean-Louis Costes, le candidat UMP qui sera donc opposé au
FN au second tour. Il dédouane son ancien rival. "I l y a surtout une
grande détresse des entrepreneurs de ce territoire. Nous sommes passés au-delà
de l'effet Cahuzac. J'ai fait campagne sur mes idées et mon programme. "
Quoi qu'il en soit, malgré la déception, Bernard Barral a
dès hier soir appelé au front républicain, pour faire barrage au Front
national, dimanche prochain. A Villeneuve-sur-Lot, le PS aura en tout cas fort
à faire pour remettre de l'ordre dans ses rangs, avant les municipales de 2014.
De son côté, le candidat FN estime que sa qualification est le signe "d'un vote d'adhésion". Etienne Bousquet-Cassagne affirme qu'il est un recours républicain face "aux affaires ".
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