Un homme s'immole par le feu à Nantes : que s'est-il passé?
Les derniers instants de désespoir de ce
père de famille de 41 ans miné par le chômage, par les difficultés financières,
se sont déroulés devant une agence du Pôle Emploi de Nantes. Mercredi, il s'est immolé par
le feu, devant les agents qui s'occupaient notamment de son dossier.
Cet homme vivait dans une petite
résidence propre et calme juste derrière une zone commerciale, à quelques
kilomètres de l'agence Pôle Emploi. Un quartier résidentiel plutôt paisible,
presque morne.
Lundi matin, il s'y rend une première
fois. Il ne comprend pas pourquoi il ne touche pas d'argent, pourquoi ses
demandes sont refusées. Il est reçu, entendu, on lui donne des explications. Il
repart.
"Aujourd'hui, c'est le grand jour pour moi car je vais me
brûler à Pôle emploi (mail)
Visiblement insatisfait, il revient un
peu plus tard. Deux autres agents le reçoivent. L'entretien dure une vingtaine
de minutes. Cette fois, il comprend qu'il ne touchera pas d'argent et que
Pôle Emploi rejette sa demande. Il sait désormais que son dossier ne sera pas
réexaminé. Il ne laisse rien paraître pour ceux qui le croisent.
Il a prévenu de son acte par mail
Mardi, il prend visiblement sa terrible
décision. Il téléphone à Pôle Emploi une première fois. Dit qu'il va prendre
des médicaments en grande quantité, qu'il va se suicider. Les agents
préviennent immédiatement les pompiers.
Accompagnés de la police, ceux-ci se
rendent rapidement à son domicile. Là, il leur ouvre sans hésitation et leur
explique qu'il a voulu faire peur à Pôle Emploi, mais qu'il ne veut pas mettre fin à
ses jours. Ils repartent rassurés.
L'homme rappelle alors Pôle Emploi pour
prévenir cette fois qu'il va venir se tuer dans l'agence, "en se
mettant le feu ". Des agents
tentent de le rencontrer, lui proposent un rendez-vous. Il refuse. Il prévient
par mail plusieurs rédactions de journaux locaux. Quelques mots effrayants
reçus à 10h12 mardi matin : "Aujourd'hui, c'est le grand jour
pour moi car je vais me brûler à Pôle emploi. J'ai travaillé 720 heures et la loi,
c'est 610 heures. Et Pôle emploi a refusé mon dossier ".
Mais sa tentative se solde par un échec,
il trouve porte close.
Sa détermination n'est pas altérée : à 12h55 il envoie
un nouveau mail. "Je suis allé à Pôle emploi avec cinq
litres d'essence pour me brûler, mais c'est fermé alors ce sera demain le 13 ou
le 14, car ce serait vraiment préférable au sein de Pôle emploi. Merci ".
Les mails ne sont pas pris à la
légère, les autorités sont immédiatement prévenues.
Surveillé par la police
A partir de cet instant, la police prend ces menaces très au
sérieux. Mercredi matin, trois hommes surveillent les lieux. Un policier à
l'intérieur de l'agence, deux autres aux abords.
Mais ils ne peuvent rien faire quand l'homme surgit : il a déjà pris feu.
Une couverture est jetée sur lui, des extincteurs sont
utilisés. Mais c'est trop tard. Les blessures sont trop graves, il va mourir.
Il était visiblement arrivé en bus. Et c'est à proximité de
l'arrêt qu'il a déversé de l'essence sur son corps puis qu'il a commis
l'irréparable. Pour venir mourir sur le parking de pôle Emploi.
A l'intérieur, les dix agents présents entendent ces cris.
Certains voient même cette scène d'horreur.
Ce jeudi, l'agence Pôle Emploi de Nantes Est restera fermée.
Dès mercredi soir, le ministre du Travail et de l'Emploi est venu sur place
dire son émotion. Michel Sapin a tenu à assurer les agents de Pôle emploi de
son soutien, il s'est dit persuadé qu'ils avaient fait le maximum. Même si personne n'a su mesurer le désespoir de ce chômeur,
n'a pu comprendre à quel point il souffrait.
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