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Qui sont ces jeunes qui tombent sous les balles à Marseille ?

Depuis le début de l'année, dix personnes ont trouvé la mort à Marseille et dans sa proche périphérie, victimes de règlements de comptes sur fond de trafic de stupéfiants. Dix jeunes dont les prénoms font la une de l'actualité avant de retomber dans l'anonymat. Mais qui sont-ils ? Portraits croisés.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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  (Un règlement de comptes le 14 avril dernier sur l'autoroute à l'entrée de Marseille © Radio France / Stéphane Burgatt)

Pour en parler, qui mieux que les mères de ces enfants, pour la plupart issus des cités des quartiers nord. De marches blanches en coups de gueule, ce sont elles, ces mères de famille, qui il y a un an presque jour pour jour, ont décidé de se regrouper dans le Collectif du 1er juin après une énième fusillade. "Il y en avait assez de pleurer et il fallait faire quelque chose", dit leur porte-parole Yamina Benchenni, qui tient d'abord à expliquer que ces enfants qui tombent sous les balles sont avant tout des proies faciles attirées par le bling-bling et l'argent facile, exclues du système scolaire et qui croient trouver là une vraie famille.

Un portrait que ne contestent pas les policiers. Ce n'est pas par hasard que ces jeunes tombent dans le trafic de stupéfiants, mais sans vraiment en mesurer le danger. David-Olivier Reverdy est le représentant du syndicat de police Alliance à Marseille. Pour lui, entre les jeux vidéo et les séries télévisées, certains de ces adolescents vivent dans un monde virtuel et ne se rendent compte de la dangerosité des armes qu'ils manient que lorsque l'un des leurs en est la victime.

De plus en plus prêts à changer de vie

Tout aussi inquiétant, certains sont dans le déni le plus total. C'était le 1er mai dernier : la dixième victime de l'année, un jeune homme de 22 ans, venait d'être découvert dans sa voiture, tué de deux balles dans la tête. La victime était connue pour trafic de stupéfiants, une réalité que ses proches mis devant le fait accompli continuaient de refuser, parlant d'un "homme bien, un bosseur, qui travaillait à la mairie et n'avait rien à voir avec l'argent de la drogue". Aujourd'hui, quelques-uns de ces jeunes semblent avoir pris conscience du danger qui les menace et disent vouloir sortir de cet engrenage meurtrier. Ils sont prêts à changer de vie, avec comme premier objectif trouver un véritable emploi.

  (Le 24 avril, cité de la Busserine dans le XIVe arrondissement. L'homme âgé de 25 ans s'apprêtait à monter dans sa voiture © Radio France Laurent Grolée)

Et s'ils ne s'en vantent pas auprès de leurs copains, c'est avec les animateurs de quartier qu'ils se confient plus volontiers, comme le raconte Norredine Moussa, qui travaille à la Cité Félix-Piat dans le IIIe arrondissement. Et les résultats sont là, l'an dernier une autre association, Infos à Gogo, a permis à 250 jeunes de sortir de leur quartier pour partir en vacances, passer le brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur (BAFA) ou leur permis de conduire.

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