Qui sont ces jeunes qui tombent sous les balles à Marseille ?
Pour en parler, qui mieux que les mères de ces enfants, pour la plupart issus des cités des quartiers nord. De marches blanches en coups de gueule, ce sont elles, ces mères de famille, qui il y a un an presque jour pour jour, ont décidé de se regrouper dans le Collectif du 1er juin après une énième fusillade. "Il y en avait assez de pleurer et il fallait faire quelque chose", dit leur porte-parole Yamina Benchenni, qui tient d'abord à expliquer que ces enfants qui tombent sous les balles sont avant tout des proies faciles attirées par le bling-bling et l'argent facile, exclues du système scolaire et qui croient trouver là une vraie famille.
Un portrait que ne contestent pas les policiers. Ce n'est pas par hasard que ces jeunes tombent dans le trafic de stupéfiants, mais sans vraiment en mesurer le danger. David-Olivier Reverdy est le représentant du syndicat de police Alliance à Marseille. Pour lui, entre les jeux vidéo et les séries télévisées, certains de ces adolescents vivent dans un monde virtuel et ne se rendent compte de la dangerosité des armes qu'ils manient que lorsque l'un des leurs en est la victime.
De plus en plus prêts à changer de vie
Tout aussi inquiétant, certains sont dans le déni le plus total. C'était le 1er mai dernier : la dixième victime de l'année, un jeune homme de 22 ans, venait d'être découvert dans sa voiture, tué de deux balles dans la tête. La victime était connue pour trafic de stupéfiants, une réalité que ses proches mis devant le fait accompli continuaient de refuser, parlant d'un "homme bien, un bosseur, qui travaillait à la mairie et n'avait rien à voir avec l'argent de la drogue". Aujourd'hui, quelques-uns de ces jeunes semblent avoir pris conscience du danger qui les menace et disent vouloir sortir de cet engrenage meurtrier. Ils sont prêts à changer de vie, avec comme premier objectif trouver un véritable emploi.
Et s'ils ne s'en vantent pas auprès de leurs copains, c'est avec les animateurs de quartier qu'ils se confient plus volontiers, comme le raconte Norredine Moussa, qui travaille à la Cité Félix-Piat dans le IIIe arrondissement. Et les résultats sont là, l'an dernier une autre association, Infos à Gogo, a permis à 250 jeunes de sortir de leur quartier pour partir en vacances, passer le brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur (BAFA) ou leur permis de conduire.
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