Cet article date de plus d'onze ans.

Quand l'université forme des chanteurs de variété

Dans quelques heures, la chaîne D8 diffuse la finale de la Nouvelle star. TF1 a The Voice, NRJ 12 sa Star Ac', autant d'émissions qui promettent une gloire express en quelques "primes", à de jeunes gens qui ont une voix, mais parfois... que cela. À l'opposé, la faculté de Bordeaux 3 vient de lancer une filière inédite : la première licence de "chanson d'expression française". Une formation universitaire diplômante de chanteur de variété.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (©)

A la recherche du nouveau Léo
Ferré :
c'est un peu l'ambition de ce cursus qui va former des auteurs-compositeurs-interprètes,
au tarif de la fac, 300 euros par an, quand les cours privés dispensent l'année
pour un coût allant de 3.000 à 5.000 euros. C'est la première année de cette
première licence tout à fait inédite en France, mais qui existe dans d'autres grandes
universités d'Angleterre, d'Australie ou des Etats-Unis.

A l'origine de cette formation : un pianiste, Pascal Pistone. prof de fac et un
peu gardien du patrimoine. "Brassens, Brel, Ferré, toutes ces grandes
chansons à textes sont de plus en plus méconnues par les jeunes d'aujourd'hui",

explique l'enseignant. Alors, "en plus des matières techniques (informatique
musicale, écriture, arrangements, chant choral, ndlr) nous proposons un
ensemble de cours qui vont enrichir le bagage culturel des étudiants. C'est
important pour être un bon auteur-compositeur-interprète d'être cultivé",

poursuit Pascal Pistone.

Sélectionnés sur leur potentiel créatif

Au départ, 80 dossiers. Au final,
21 candidats sélectionnés pour les trois années de formation, tous recrutés
pour leur potentiel créatif.

Certains avaient déjà de bonnes bases musicales, comme Adrien Hauquin : à 21 ans, ce
guitariste et violoniste a renoncé à une carrière entamée dans la gendarmerie
pour* la chanson. "Auteur-compositeur-interprète de chansons à
textes, à l'ancienne", explique l'ancien gendarme. Des textes "potentiellement
engagés, pas trop compatibles" avec l'uniforme. Invité à faire un
choix,
"j'ai choisi d'être moi-même, tout simplement",*
poursuit Adrien.

Les enseignants font le pari qu'à
l'issue de leur cursus, ces étudiants trouveront tous des débouchés, comme
auteur, compositeur, arrangeur, musicien. Mais surtout, qu'avec ce solide
bagage de création musicale et des bases juridiques et institutionnelles, ils
ne seront pas les pantins d'un producteur ou d'un agent.

Face au public chaque mardi

Encore étudiants, et déjà sur scène : ils se produisent en public, chaque semaine, dans un café bordelais.
L'occasion de réaliser que pour devenir artiste, il faut travailler dur. "Certains
ont été très surpris par le travail que cela nécessite. Une chanson ça se travaille.
Et ils ont cette chance de pouvoir, chaque mardi, confronter leurs créations ou
leurs reprises à un public",
explique la prof de technique vocale,
Sarah Bromberg.

Des cours, des ateliers d'écriture,
de compo, d'arrangements, des cafés-concerts et des masters-class avec des
professionnels. Car ils ne font pas que revisiter le répertoire des chanteurs
morts.

Début mars, une journée de travail avec Michel Jonasz, dont certains étudiants
découvrent l'existence. Les 1.500 heures de formation et de culture générale ne
seront peut-être pas de trop !

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.