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Partir ou rester, le dilemme des Ukrainiens en Crimée

Vladimir Poutine n'a pas perdu de temps. Deux jours après le référendum en Crimée, le traité de rattachement de la péninsule à la Russie a été signé mardi. C'est hier aussi qu'un militaire ukrainien a perdu la vie dans un assaut donné sur l'une des bases de Simferopol, la capitale. L'envoyé spécial de France Info en Crimée, Sébastien Paour, a rencontré ceux qui pensent désormais quitter le territoire. Avec Philippe Leduc aux moyens techniques.
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Combien sont-ils ceux qui n'acceptent
pas de ne bientôt payer qu'en roubles, d'être à l'heure de Moscou et d'avoir un
passeport russe ? Difficile de le dire. Mais depuis trois semaines, on a
vu beaucoup de véhicules prendre la route vers le Nord, des familles chargées
de valises et de gros sacs à la gare de Simféropol. On a vu des passagers embarquer
à l'aéroport pour Kiev ou Istanbul quand c'était encore possible.

Partir pour ne pas subir

L'exode est une réalité et notamment celui
des Tatars de Crimée, la communauté de tradition musulmane qui a été déportée
sous Staline et qui a peur de vivre la même chose aujourd'hui. Talima a 25 ans et fait partie de ces quelque 350.000 Tatare de Crimée. Née à
Yalta, elle travaille aujourd'hui à Simferopol dans un centre de demandes de
visas. Comme tous ici, elle a écouté Vladimir Poutine mardi, qui a dit que la
langue tatare serait reconnue comme le russe ou l'ukrainien. Mais elle est
prête à partir d'ici la fin du mois et à commencer une nouvelle vie avec son
frère et ses parents dans la ville d'Eski Chéïr.

 

D'autres vont devoir
attendre encore un peu parce qu'ils ont des obligations ici. Maria, par
exemple, aimerait bien être déjà partie en Ukraine, à Lvov en l'occurrence. Mais
Maria est professeur d'ukrainien et du coup elle ne pourra pas quitter la
Crimée, où elle s'est installée il y a cinq ans, avant la fin de l'année
scolaire, fin juin. Alors en attendant elle fait de la résistance à sa manière.
Elle a accroché un ruban jaune et un ruban bleu, les couleurs de l'Ukraine, à
la besace qu'elle porte sur l'épaule.

Rester encore un peu ou pour toujours

Oleg, lui, a  40 ans. Il est logisticien dans une
distillerie de vodka, à Simféropol. Il n'a que sa mère comme famille et n'envisage
pas de quitter la Crimée, où il est né, tant que la situation ne devient pas
dangereuse.

Il y a donc ceux qui
partent ou projettent de partir de Crimée, mais il y a aussi tous ceux qui se
sentent complètement chez eux dans la péninsule. Ce sont tous ceux qui ont
voté pour le rattachement à la Russie, près de 97% des votants dimanche. Eux,
évidemment, restent en Crimée, ils sont ravis qu'elle redevienne russe, 60 ans
après ce qu'ils appellent "le cadeau" de Kroutchev à l'Ukraine.

 

 

De fortes tensions entre Moscou et l'Occident

Les grands pays occidentaux et
l'Ukraine ont fermement condamné le rattachement de la Crimée à la Russie,
qualifié de véritable annexion contraire au droit international. Des sanctions
supplémentaires contre Moscou sont à l'étude alors que la tension
s'accroit en Crimée
. Un militaire
ukrainien d'une base de Simferopol a été tué lors d'une fusillade.  Des hommes armés ont pénétré dans cette unité, située dans les faubourgs de la ville et ont fait feu.

Le Premier ministre ukrainien parle de "crime de guerre ". "On est passé d'un conflit politique avec la Russie, à un conflit militaire " a-t-il. Un milicien pro-russe a également été tué dans cette fusillade.

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