Les dangers du cannabis sont revenustout récemment dans l'actualité, avec la mort d'un bébé de sept mois provoquéle week-end dernier par un jeune chauffard de Montpellier. Cette affairesurvient sur fond de chiffres alarmants. Dans un accident mortel sur huit, leconducteur a consommé du cannabis. Dans le département de l'Oise, en Picardie,c'est pire : plus de la moitié.Le problème est pris très au sérieuxpar la gendarmerie de l'Oise, qui a créé en son sein un "groupeaddictions ", spécialement dédié à la traque des conducteurs drogués. Lecapitaine Joël Lalay en fait partie. Lui et ses hommes procèdent à cescontrôles sur des critères précis : "Il faut que le gendarme puissedéceler quelque chose qui va lui permettre de penser qu'un conducteur apeut-être consommé des stupéfiants. Des rougeurs oculaires, un déséquilibre dela personne quand il sort de sa voiture, des signes d'énervement oud'abattement, etc ".C'est précisément parce que cescontrôles sont ciblés que la proportion de tests positifs est importante dansl'Oise. Mais les gendarmes du "groupe addictions " ne se fient pasqu'à des critères comportementaux. Ils visent pour leurs contrôles desendroits-clés, comme les environs des boîtes de nuit. Les conséquences de la consommationdu cannabis méconnuesLes chiffres bruts ne signifientdonc pas qu'une majorité d'habitants de l'Oise circulent en ayant consommé dela drogue. Toutefois, le département possède quelques caractéristiques qui en fontun département "à risques ". Le directeur de cabinet du préfet RémiRécio, l'explique ainsi, "la proportion de jeunes vivant dans l'Oise estimportante. C'est un département de passage, avec deux axes autoroutiers. C'estaussi un gros département, qui pèse pour 60 % dans l'ensemble de la délinquanceen région Picardie ".Dans l'Oise et ailleurs, on constateencore une certaine méconnaissance des conséquences de la consommation decannabis sur la conduite automobile. Pour le commandant de police FlavienDjurado, un spécialiste de la question, ces conséquences ne sont pas du toutanodines : "Ce que l'on peut observer, c'est une diminution des réflexes.Même à faible allure, c'est un facteur d'accidents graves. Un autre effet connuest la modification du champ visuel. Le conducteur sous l'emprise de cannabis atendance à ignorer la vision sur les côtés et à se focaliser sur le centre dela chaussée. Il roule plutôt doucementmais ses limites peuvent être catastrophiques, encore plus quand il fait nuit ".Dans ce contexte général derecrudescence de la mortalité routière liée à l'usage de stupéfiants, des voixs'élèvent pour réclamer une traque plus sévère des fumeurs au volant. PourPhilippe Poinsot, président de l'association "Marilou " (du nom de sapetite fille tuée dans un accident impliquant un fumeur de cannabis), ilfaudrait par exemple surveiller le comportement de ceux qui s'apprêtent àrécupérer leur permis après une période de suspension. "Il faudrait faireun prélèvement sur un de leurs cheveux. On pourrait détecter ceux qui ontcontinué à fumer après avoir été sanctionnés et qui s'apprêtent à reprendre levolant ".L'association "Marilou "milite aussi pour une détection précoce, sans attendre un contrôle routier,chez certaines populations "sensibles", comme les conducteurs de carset les chauffeurs-routiers.