Margaret Thatcher, figure politique incontournable au Royaume-Uni

Elle est l'exemple à suivre pour les uns, et tout le contraire pour les autres. Mais le fait est qu'elle reste un point de
référence.

C'est encore plus vrai depuis 2010, depuis
que les conservateurs sont de retour au pouvoir. Forcément, David Cameron
n'échappe pas aux comparaisons avec Maggie, qui est restée une idole dans le
parti.

Il y a pourtant de grosses différences,
selon Ann Stevens, professeur en sciences politiques à l'université d'Aston : "Margaret Thatcher a toujours dit qu'elle était une personnalité politique de conviction. Elle n'aimait pas le consensus. Cameron n'a absolument pas cette image. Et dans ce sens on pourra dire qu'il n'est qu'une pâle copie. Mais sur le plan politique, il veut réformer alors qu'il est confronté à une crise économique, comme Margaret Thatcher. "

Et quels sont les autres points communs ?

D'abord on a affaire à deux conservateurs qui encouragent le libre marché et sont favorables au moins d'Etat. Thatcher avait beaucoup affaibli la force
publique et c'est aussi ce que fait
Cameron. Même si le projet aujourd'hui est moins idéologique, il s'agit surtout
de réduire les déficits. 

Autre point commun entre les deux
époques : le sentiment anti-européen, très présent aujourd'hui, qui a
marqué les années Thatcher. Dans les
années 80, l'Europe était plutôt populaire au Royaume-Uni, mais la Dame de Fer,
elle, s'est régulièrement dressée contre Bruxelles. 

L'héritage de la Dame de fer

Et puis Thatcher est encore d'actualité
parce que son héritage a été conservé. Ses grandes réformes (privatisations, dérégulations, affaiblissement des
syndicats) n'ont pas été remises en question par ses successeurs. Et c'est le problème aujourd'hui, selon ses
adversaires.

Le travailliste Ken
Livingstone, l'ancien maire de Londres, était l'invité hier soir de la chaîne ITV.

"Elle se moquait d'être populaire. Eklle pensait qu'elle devait faire des changements et elle les a menés à bien. Et maintenant, on doit vivre avec les conséquences. Presque tous les problèmes que ce gouvernement doit affronter sont dûs à son héritage ".

Ken Livingstone évoque la
désindustrialisation. C'est l'une des principales évolutions des années

1. Thatcher l'a encouragé. Elle a
   ainsi, d'après ses détracteurs, creusé les inégalités. C'est d'ailleurs un
   impôt jugé inégalitaire, la "poll tax", qui a précipité sa chute en
2. Cette mesure avait entraîné de
   nombreuses manifestations.

Margaret Thatcher est ainsi haïe dans les
milieux populaires, et dans certaines régions particulièrement touchées par ses
réformes. C'est le cas en Ecosse.

"Elle est vraiment détestée en Ecosse. Elle incarne tout ce qu'on pense des conservateurs anglais. Elle a décimé notre industrie ", explique un chauffeur de taxi à Edimbourg.

Des critiques mais aussi de nombreux
éloges

D'abord, grâce à Thatcher, le Royaume-Uni
est redevenu une grande puissance économique. L'économie de marché est très peu contestée de ce côté de la Manche.

Personne ne remet en cause l'alliance avec
les Etats-Unis qui a marqué sa politique étrangère, globalement appréciée. Et d'une manière générale, tout le monde
salue aujourd'hui la force de ses convictions.

"La classe politique et les hommes politiques du 21e siècle n'ont pas beaucoup de caractère. On regarde donc Margaret Thatcher avec une certaine nostalgie parce qu'on a un certain regret et une certaine admiration pour les politiciens d'envergure qui menaient des grands combats idéologiques ", analyse Ben Brogan, journaliste au Daily Telegraph. 

Et c'est
ce qui explique sans doute pourquoi Margaret Thatcher est une figure politique
aussi controversée.