Les pauvres écartés des emplois de la grande distribution
Le constat est sévère : les candidatures fictives de personnes en précarité sociale n'intéressent pas les employeurs. L'association ATD Quart Monde a organisé un testing sur la discrimination à l'embauche par des enseignes de super et hypermarchés, dans plusieurs villes de France.
Quand un curriculum vitae fait état d'un passage en CDD dans une entreprise d'insertion sociale ou d'un logement en foyer social, les recruteurs tiquent et mettent le dossier de côté. À compétence égale, un faux candidat qui aura une expérience professionnelle identique sans marqueur de précarité sociale, sera privilégié. 1440 CV fictifs ont été expédiés et partout le résultat est le même : le candidat de référence reçoit une réponse dans 80% des cas, le candidat pauvre lui a seulement 50% de chance d'obtenir un rendez-vous.
Un livre blanc dans l'espoir d'une loi
ATD Quart Monde réclame une loi sur la discrimination à l'emploi des personnes démunies. Un livre blanc sera remis jeudi à Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale et au Défenseur des droits, Dominique Baudis. Une pétition citoyenne est également lancée pour alerter la population et modifier les préjugés. Les réflexions méchantes s'entendent dès le plus jeune âge. Dans les cours de récréation, on s'insulte en traitant un camarade de cas soc'. C'est insupportable pour ATD Quart Monde qui refuse que l'humiliation quotidienne des pauvres se déroule sans que personne ne bouge.
France Info a rencontré deux femmes qui ont essuyé des remarques désobligeantes, offensantes. Parce qu'elles ont des physiques difficiles, de fortes corpulences, des visages où la misère se lit, elles ont été refusées pour des emplois de menagères, d'aide à la personne ou de garde d'enfant.
"J'ai entendu des réflexions comme quoi j'allais faire peur au gens, c'est abominable d'entendre ça" (Chantal, 57 ans)
Marie France Zimmer, 55 ans, femme de ménage à Nancy, raconte un entretien d'embauche pour accompagner des personnes âgées : "Sur mon CV tout était impeccable, au téléphone aussi, mais quand je suis arrivée on m'a dit 'non, non, ça ne peut pas aller, vous ne pourrez pas porter l'uniforme comme il faut" voilà je n'étais pas belle, j'étais comme ça ". "Quand vous en avez marre de vous en prendre plein la tronche tout le temps, vous n'avez plus envie d'y aller, qui irait en permanence se faire rabaisser ? ", interroge-t-elle.
"J'ai entendu des réflexions comme quoi j'allais faire peur au gens, c'est abominable d'entendre ça ", raconte aussi Chantal, 57 ans, qui vit à Trappes et qui à force d'entendre des horreurs sur sa personne a renoncé à chercher du travail. "J'essayais d'aller acheter des choses dans les magasins d'usines, mais après si il faut être habillée en princesse, ce n'est pas possible ".
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