Du côté de Quimper, Jean-GuyLe Floch ne sait pas trop s’il doit en plaisanter ou s'en féliciter. Les deuxsans doute. Lui qui a enrôlé Laury Thilleman, Miss France-2011, pour faire lapromotion de son entreprise de prêt-à-porter Armor-Lux, il s'est trouvé uneégérie plus efficace encore : François Bayrou.Engagé dans une croisadepour le "Made in France", le "Béarnais" a décidé de luiacheter les tee-shirts de sa campagne présidentielle. François Bayrou veut être irréprochablesur ce chapitre et décline le concept à l'envi : crayons en bois des Vosges,écharpes tricotées dans le Tarn, tasses en plastique recyclé venant d’Ile-de-France,badges faits main au QG de campagne et bien-sûr, les fameux tee-shirts fabriquésà Quimper. De quoi, espère-t-on au MoDem, faire oublier les virées en Audi. Celled’un ami, assure-t-on.Plus long, plus cherRevers de la médaille : l'équipe de campagne a mis un peu plus de temps à récupérer tous les objets commandés que si elle était passée par les habituels circuits mondialisés. Et le prix à payer étant plus élevé,la commande est plus réduite : par exemple, 5.000 tee-shirts seulement ont été achetés jusqu'à présent. Si FrançoisBayrou arrive au deuxième tour, la rupture de stock guette.Du côté du Front national,Marine Le Pen se plait à railler son concurrent centriste sur le thème : "C’estlui – entre autres – qui a fait voter les mesures qui ont provoqué ladésindustrialisation de certains secteurs". Et de s’élever contre ladécision de la Posted’acheter des scooters taïwanais, en prônant la préférence nationale pour lesentreprises françaises.Made in Bangladesh au FNMais dans la boutique duFN, les tee-shirts "Les gars de la Marine" et certains polos prennent ceprincipe à contre-pied. Ils sont fabriqués au Bangladesh, un des pays les plusmisérables du monde, avec un salaire moyen oscillant autour de 30 euros parmois. Mais ils sont floqués en France. Explication : le FN n’a pas trouvé d’entreprise française pouvantlui fournir des tee-shirts blancs et bleu-marine dans les délais. Autant de couleurs pourtantdisponibles à Quimper, au moins. Une recherche sur Internet n’a pas permis dedécouvrir la perle. Résultat, les autres tee-shirts sont faits en Espagne. Et siles nounours "J’aime Marine", les pin’s et les porte-clés sontfabriqués en France, tel n’est pas le cas pour certaines banderoles de meeting,qui viennent de Chine.Au PS, les responsables onttenté de contourner l'obstacle en adoptant une charte, à l'aide d'un courtier en produits dérivés. Un professionnel, qui s'engage à chercher en priorité en France, à défaut dans l'Union européenne. Et si vraiment, le produit manque, il peut élargir sa recherche au monde entier, en respectant des critères sociaux et environnementaux stricts. Encore faut-il que le fournisseur puisse fabriquer la quantité voulue dans les délais impartis. Le parti joue la transparence à ce niveau sur sa boutique en ligne.Tee-shirt portugais et boule à neige françaiseCes conditions ont amené le PS à faire fabriquer 20.000 tee-shirts au Portugal, marqués eux aussi en France. Le courtier n'a pas trouvé d'entreprise française capable de le faire, assure la directrice de communication du PS. Les menus objets en plastiques et certains composants électroniques viennent d'Asie, les ballons gonflables "François Hollande 2012" d'Italie. Mais les militants peuvent se consoler en agitant des drapeaux faits dans la Drôme, ou en retournant une boule à neige peinte à la main à Grenoble, par le dernier fabricant français de boules à neige. C'est aussi probablement une des plus chères du monde dans sa catégorie : 15 euros pièce.Sur ce terrain, l'UMP ne pouvait pas être en reste, et dans la toute nouvelle boutique Pop'store, à l'entrée du nouveau siège du parti présidentiel, on exhibe fièrement les vide-poches et tasses en porcelaine de Limoges ou les crayons, eux aussi, en bois des Vosges. On est plus silencieux sur les calculatrices "Made in China" ou autres composants électroniques. Les jeunes militants arboraient fièrement dimanche dernier à Marseille un tee-shirt... Armor-Lux. Mais l'UMP n'en a commandés jusqu'ici que 1.000. Les autres tee-shirts en stock viennent du Maroc, tout comme d'ailleurs, les tee-shirts de marque "Fruit of the Loom" de la campagne d'Eva Joly. C'est moyen pour le bilan carbone, mais ne s'échappe pas qui veut du village global.