Le bac pro injustement sous-estimé
A quelques kilomètres
d'Etampes, en Essonne, le lycée des métiers Alexandre Denis de Cerny est le
seul de l'académie de Versailles à offrir une formation de bac pro en
aéronautique. En tout, il y a près de 500 élèves dans ce lycée, la moitié sont
en aéronautique, les autres préparent un bac professionnel de chauffeur routier
ou de logistique.
Le proviseur le
constate, "à l'entrée en seconde, on a environ 400 demandes pour 48 places
et il y a du travail en aéronautique" . Les élèves sont donc intéressés,
mais les murs ne sont pas extensibles et cette formation coûte cher, au moins
10.000 euros par an et par élève selon le Gifas, le groupement des industries
françaises aéronautiques et spatiales.
"Un tournant
dans ma vie"
Dans ce lycée, 15 à
20% des élèves poursuivent des études après le bac, en BTS ou en licence
professionnelle, et la plupart travaillent dès la sortie. Pour certains élèves
qui étaient parmi les plus mauvais au collège, décrocher le bac, c'est un rêve
qui se réalise.
Mathieu Delaroche
est passionné d'aviation, il est assez fier quand il évoque son parcours, il
apprécie les cours en ateliers dans le grand hangar du lycée où sont stockés
quatre petits avions et un hélicoptère. "Quand je suis arrivé ici,
confie-t-il, je me suis donné à fond, ce lycée dans ma vie, c'est un
tournants".
Quelque 15.000
recrutements en 2013 dans l'aéronautique
Pour les
industriels de l'aéronautique, les besoins de recrutement sont importants.
D'après le Gifas, 15.000 personnes devraient être recrutées dans ce secteur en
2013, comme en 2012. Et 25% de ces
recrutements concernent des ouvriers qualifiés, de niveau bac pro. Les
entreprises comme Airbus ou Safran peinent notamment à trouver des
chaudronniers ou des câbleurs. Ces métiers n'attirent pas assez, conséquence
les formations en bac pro se réduisent.
Pour Claude
Bresson, le responsable de la formation au Gifas, il faut donc recréer des bacs
pro dans l'industrie. Le ministère de l'Éducation s'adapte sans cesse aux
besoins des secteurs professionnels et des régions, mais pour les syndicats
d'enseignants, la carte des formations n'est pas adaptée.
Pour Jérôme Dammerey,
le secrétaire général du Snuep FSU, l'un des syndicats des lycées
professionnels, "il y a trop d'élèves qui ne sont pas affectés dans la
formation de leur choix. Il faut donc investir dans des secteurs
porteurs comme le développement durable ou les services d'aides à la
personne".
En tous cas, le bac pro remplit sa mission : près de 80% des élèves
trouvent un emploi à la fin de leurs années de lycée selon le Cereq, le centre
d'études et de recherches sur les qualifications.
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