La folle envolée des prix du diesel
Ce qui explique le prix du diesel c'est d'abord celui du baril de pétrole brut, associé à la parité euro-dollar. Aujourd'hui, le baril est moins cher qu’en 2008 mais l'euro est beaucoup plus faible qu’à l’époque, ce qui fait que les prix tendent vers les records.
En plus de ces paramètres internationaux, il y a en France un problème d’équilibre sur le marché. Les raffineries françaises ont été conçues pour raffiner beaucoup d’essence et peu de diesel, un schéma à l’opposé de la consommation française aujourd’hui. "On produit autant de diesel qu’on peut, mais pas assez par rapport à la demande, alors on est amenés à importer du gazole. Et puis on fait aussi peu d’essence qu’on peut, mais trop par rapport à la demande, alors on est obligés d’exporter ", explique Jean-Louis Schilansky, le président de l’Ufip, l’union française des industries pétrolières.
En 2010, la France a ainsi importé 18 millions de tonnes de gazole et a exporté seulement 4 millions de tonnes d'essence.
De coûteux projets de rééquilibrage
D’un baril de brut on peut tirer au maximum 40% de gazole. Si les raffineries se mettent à raffiner plus de brut pour répondre à la demande, elles produiront effectivement plus de diesel, mais aussi plus d'essence, alors qu’elles en ont déjà trop. Certaines raffineries ont investi dans de nouveaux outils pour essayer de s’adapter. C’est le cas de la raffinerie Total de Normandie, la plus grosse de France. Elle est équipée d’une machine qui permet de casser les molécules présentes dans le brut pour en sortir un peu plus de gazole. Elle ferme des unités de production d’essence pour ouvrir des unités de production de diesel. "Le projet coûte 750 millions d’euros, explique Gérard Roussel, le directeur de la raffinerie. D’ici un an on va augmenter notre production de gazole de 500.000 tonnes et dans le même temps réduire notre production d’essence d’un million de tonnes ".
Les solutions existent, mais elles coûtent cher. Pour les associations de consommateurs les industries pétrolières profiteraient même de la situation. "C’est plus rentable de jouer sur la pénurie, de regarder les cours s’envoler et d’engranger les bénéfices, dénonce Grégory Carré, directeur des études à l’UFC Que choisir ? Il est impossible de voir des fermetures de raffinerie quand on sait qu’on a une demande de gazole non satisfaite en France" .
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