La Cité Radieuse fête ses 60 ans
Cet immeuble, depuis sa conception, est une ville dans la ville. Derrière la façade colorée du bâtiment, il y a toujours une école maternelle, un boulanger chez qui vous allez en prenant l'ascenseur, et un toit-terrasse où sont organisés des spectacles en plein air.
Fonctionnalité et convivialité, voilà l'esprit "Corbu", comme disent les habitants. Et cela n'a pas changé depuis 60 ans, insiste Dominique Gérardin, la patronne de l'hôtel-restaurant situé au 3e étage de l'immeuble.
"On se reconnaît car on a vu sa voisine bronzer sur le toit du
solarium"
"Le hall d'entrée, c'est la place du village, il y a des expos, des vernissages. Aujourd'hui, il y a encore un cinéclub, une salle de loisirs, une bibliothèque. On se reconnaît car on a vu sa voisine bronzer sur le toit du solarium l'été, parce qu'elle a emmené ses enfants à la pataugeoire, parce qu'elle a pris un café au bar de l'hôtel. Donc tout ça fait qu'on se côtoie ", raconte-t-elle.
Le 280 boulevard Michelet à Marseille, l'adresse du Corbusier, est très prisée. En général, les appartements ne restent en vente que quelques jours et les transactions se font beaucoup par le bouche-à-oreille.
Certains vivent là depuis 60 ans
Plusieurs résidents vivent dans la cité depuis son inauguration, depuis 1952. Ils sont arrivés très jeunes, certains ont même croisé Le Corbusier. Ils sont imprégnés de son esprit. Odette Tissier, 76 ans, occupe l'appartement 741, avec vue sur la mer. Un brin nostalgique, cette ancienne directrice d'école n'a presque rien changé dans son logement.
"Le concept, c'était qu'un jeune ménage qui arrive, n'a que son lit, des chaises et une table à acheter, car tout le reste était équipé. L'avantage de la cuisine, c'est que la maîtresse de maison n'est pas isolée et peut suivre la conversation tout en faisant la cuisine. Tout est conçu pour qu'il y ait le maximum de choses dans le minimum de place ", explique-t-elle.
Aujourd'hui, les résidents des 337 appartements sont surtout des enseignants, des artistes, des architectes, et des musiciens.
Une rue commerçante au 3e étage
À une époque, la rue commerçante imaginée par Le Corbusier occupait tout le 3e étage. Boucher, coiffeur, épicier, boulanger, pressing, droguerie... il y avait tous les commerces. Aujourd'hui, beaucoup de boutiques ont cédé la place à des galeries d'art ou des bureaux d'architectes. Il ne reste qu'un boulanger-patissier à cause de la concurrence des grandes surfaces. "Autrefois, quand Le Corbusier a construit, c'était les champs, la campagne. Maintenant, c'est le centre-ville avec des supermarchés. Cela a condamné toute la vie commerçante de l'immeuble ", indique Jacques Delémont, le président de l'association des habitants.
*"On a retrouvé des notes de 1951 qui nous ont permis de retrouver la
couleur souhaitée par Le Corbusier "*
Comme la Cité est classée monument historique depuis 1986, les travaux de rénovation doivent respecter l'esprit corbuséen. C'est ce à quoi veille François Botton -l'architecte du patrimoine- notamment quand il faut repeindre une partie de la façade. "On a fait des recherches d'archives, pour être au plus près de la vérité et ne pas trahir l'oeuvre. La démarche est scientifique. Pour la restauration de la façade ouest, on a retrouvé des notes de 1951 qui nous ont permis de retrouver la couleur souhaitée par Le Corbusier , explique-t-il.
Le deuxième site le plus visité à Marseille
Même 60 ans après, la Cité Radieuse séduit toujours. C'est une sorte de laboratoire de l'habitat collectif qui continue à inspirer -et surtout à faire rêver. "C'est quelque chose d'intemporel qui fascine toujours, comment apporter le maximum de lumière, d'espace et de confort? C'est une référence. Ce concept, on l'utilise encore " précise Corinne Vezzoni, une architecte qui a installé son bureau au 6e étage de la Cité Radieuse.
Après la basilique Notre-Dame-de-la-Garde, la Cité Radieuse est le 2e site le plus visité de Marseille. Un site un peu défiguré en ce moment par les échafaudages, après le grave incendie de février dernier.
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