Cet article date de plus d'onze ans.

L'après-Fukushima en France : une Force d'Action Rapide Nucléaire

Deux ans après l'un des plus graves accidents de l'histoire du nucléaire, l'industrie française promet de rendre ses centrales plus sûres. Pour EDF, "plus rien ne sera comme avant". L'opérateur, mais avec lui l'Autorité de sûreté nucléaire, estimait qu'il faudrait plus d'une dizaine d'années pour tirer toutes les leçons de Fukushima. Mais dans le même temps, l'énergéticien promettait de mettre en place tout de suite une force d'action rapide pour intervenir sur un site en danger.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (©)

C'est à la centrale de Civaux (Vienne) que l'on trouve les premiers membres de la FARN : Force d'Action Rapide Nucléaire.
Dans un vestiaire, les paquetages de ses agents sont rangés sur les placards. Prêts à partir à tout moment. Un peu plus loin, dans un hangar, il y a le matériel de la FARN : trois camions, des 4X4. Bientôt, il y aura même une barge pour traverser des zones inondées par exemple. 

EDF fait depuis longtemps des simulations de catastrophe pour apprendre à ses agents comment réagir en cas d'accident dans la centrale où ils travaillent. Ce qui est nouveau depuis deux ans, c'est d'apprendre à aller ailleurs, à se déplacer en convoi dans une zone accidentée.

La FARN doit intervenir en moins de 24h

Dans une catastrophe nucléaire, les premières heures sont essentielles pour éviter l'explosion, comme à Fukushima. Cette force doit donc apporter en moins de 24 heures sur n'importe quelle centrale en France de l'eau, de l'énergie, des hommes compétents dans le domaine du nucléaire. 
D'ici deux ans, cette force disposera de trois autres bases en France : à Paluel (Normandie), Dampierre (Loiret) et Bugey (Ain). Au total, elle devrait compter 300 hommes. EDF embauche pour mettre ces équipes en place.

Mais que se passera-t-il en cas d'explosion ? "On gèrera mais ce ne sera plus la FARN", explique Bernard Camporési, chef de service de la FARN Civaux. Pas question pour l'opérateur d'envoyer plus d'agents dans une zone contaminée par une explosion nucléaire. 

De nouveaux engagements après 2015 

EDF a prévu de dépenser 10 milliards d'euros dans l'après-Fukushima, la FARN n'en coute que 200 millions. Les renforcements du béton des centrales, la construction de digues plus hautes pour se prémunir des inondations, l'installation de générateurs d'ultime secours très lourds coûteront beaucoup plus cher. Mais ces actions prennent du temps.

Au-delà de la FARN, d'autres mesures ont été prises depuis deux ans. "Fukushima nous a appris que tout un site pouvait être isolé sans moyen de communication. Nous avons donc doté toutes les salles de commande des centrales françaises de téléphones satellitaires", explique Caroline Bernard, directrice de la sûreté nucléaire à EDF.

"On nous vend du rêve avec la FARN"

Les associations anti-nucléaire regardent d'un œil septique ces mesures. "Lors de la tempête de 1999, la centrale du Blayais était inondée. Les hélicoptères n'ont pas pu décoller à cause du vent et les routes étaient coupées. On nous vend du rêve avec la FARN", estime  Marc Saint Aroman, l'un des porte-parole du réseau Sortir du nucléaire. Il estime également que cela complexifie les tâches des agents au sein des centrales. Mais il reconnaît aussi, avec amertume, que le débat en France porte aujoud'hui beaucoup plus sur le prix de l'électricité que sur les risques à la produire.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.